Chaleur et poussière

Séjour à Niamey et voyage au parc national du W (Niger)


2-14 février 2007

piroguier guêpiers verts  village vanneau  hippo

Journal

Vendredi 2 février 07 Grand départ. Lever à 3h30 pour aller prendre la navette de 5h pour St-Exupéry devant le labo (LPSC Grenoble, mon lieu de travail) où nous laissons la voiture. Grosses valoches. Voyage sans problème. Laurence, ma fille aînée nous attend à l’aéroport et nous ramène à la maison avec une voiture de la CADEV. Elle habite un quartier calme, plutôt résidentiel, près du collège Yantala. Quelques courses à pied, pour découvrir le quartier, au marché du château (d’eau). C’est un peu loin, plus que prévu. Il fait chaud évidemment. Magali souffre, ampoules. Quelques provisions. Une bouteille de Ballantines pour aider à supporter la chaleur. Retour en taxi collectif. 200F-CFA/personne (30 centimes d’euro) la course, 400 si longue.

Samedi 3 février Matin, découverte de la maison, de Moussa le jardinier, qui nous souhaite "Bonne arrivée !" à la mode locale, da la fraîcheur matinale relative (18-20°). Je travaille un peu à la rédection de la note sur Waza pour les PNRs. Aujourd'hui nous sommes invités avec Laurence au mariage (catholique) d'une de ses collègues. Expérience très intéressante. Rituel haut en couleurs. Moins cependant que les tenues des dames qui sont fantastiquement et magnifiquement colorées. Concours d'élégance comme chez nous, version africaine. Une fête pour le regard. Nous ne restons pas pour le déjeuner. Trop à voir et à faire.

Mariage1

Mariage2

Déjeuner chez Laurence, léger, salade et riz à la nigérienne. 17h Visite de Youssouf et Sani, amis de Laurence. Bavardage agréable. Première occurrence d’un rituel qui se renouvellera souvent. Conformément à l’hospitalité nigérienne (et africaine), les collègues et les amis viennent saluer les visiteurs. Nous apprécions beaucoup. Dîner dans un restaurant-cabaret en plein air (difficultés pour trouver un taxi), groupe Touareg (l'imprésario Sani lui même) très bien. Brochette + frites, léger. Grande bière, légère.

Dimanche 4 février Matin terrasse + rédaction notes de voyage Déjeuner chez Rabi, collègue de Laurence, de l’autre coté du fleuve. Taxi. Passage du pont. Laverie en plein air, délicieusement colorée, sur une île du Niger. En sortant de la voiture j’attrape une épine sous le gros orteil, que je garderai tout le séjour. Retour à la maison. Repos dans la chaleur de l’après-midi nigérien (38-40°). Visite de Kalarica (dit Kaka), collègue de Laurence à la CADEV, un peu journaliste aussi.

Roussettes

Puis ballade sur la corniche en sa compagnie. Bière au restau Le Tilapia (carpe en Haoussa) au bord du Niger, puis comme il est l’heure, dîner sur place. Passage de pirogues pittoresques au crépuscule. Avec la nuit arrivent de gros volatiles qui se révèlent être d’énormes roussettes (chauves-souris frugivores). En fait, elles viennent d’un grand arbre tout proche. J’essaie quelques photos. Hasardeux. De l’ouvrage pour photoshop. Le capitaine est délicieux, comme à Waza (Cameroun, mars 2006) et la compagnie de deux grandes bières n’est pas de trop par cette chaleur. Soirée comme on les aime. Pas de grande découverte mais beaucoup de petites.

Lundi 5 février Laurence part au boulot 8h30. Tour du sud du quartier à pieds en solitaire : rue d’Irazer (ou rue d’Irhazer), av De Gaulle et retour. Toutes les rues et ruelles sont jonchées de détritus divers que des légions de chèvres explorent méticuleusement.

Chèvres

Douche ensuite. Café. Taxi (collectif, 200FCFA/pers), qui nous dépose à 11h40 à la CADEV. Laurence est partie régler un pb déblocage de puce de téléphone. Rabi nous présente le personnel en attendant. Tour des bureaux. L’accueil est chaleureux, les gens sont souriants, très cordiaux, manifestement ravis de rencontrer les parents de ma fille. Elle est manifestement très populaire. On la retrouve un peu plus tard et on file sur un petit restau touareg dans la rue entre le grand et le petit marché. Assiette de riz et poisson à ~1Euro. Très bon, et bien relevé, mais qui donnera grand soif. Pas de bière, dommage, mais boisson l ocale correcte. Ensuite descente de la rue et passage chez l’artisan bijoutier de Laurence. Très sympathique. Puis chez la marchande de tissu (2 pagnes). Puis à la banque pour tirer du liquide pour couvrir les frais du voyage au W. Retour en taxi et repos. Expédition bières après la sieste, au bistro du coin. Il faut apporter les bouteilles vides. Retour avec quelques bonnes bibines locales (Niger/Conjoncture 65cl, Flag 33cl) dans le sac à dos. Un copain de Laurence est là (ancien amoureux). Gentil et plutôt réservé. En soirée, on passe dans le quartier des expats (tourner à gauche dans la rue Irazer, puis ~10’) voir Yakouba le peintre, auquel on achète deux petits tableaux. Gentil garçon timide. Nous aimons beaucoup ses personnages filiformes.

chèvres

Les rues de Niamey sont peuplées de nombreuses chèvres qui jouent le rôle des cantonniers. Dîner à la maison. Scotch à l’apéro (Ballantines acheté au supermarché). Riz à la viande, bière. Au lit assez tôt (23h).

Mardi 6 février Lever 7h, au réveil. Je vais courir de 7h30 à 8h30 – Grand tour via la corniche Yantala : départ maison, rue d’Irazer, av. De Gaulle (E)), Bd République (E), corniche Yantala (O), carrefour des Nations, av. Tonton (E), av Présidence, av De Gaulle, rue d’Irazer, maison. Rencontré un mignon tout jeune hérisson. Je l’ai monté dans les buissons en dessus de la route. Erreur sans doute, il aurait fallu le remettre coté fleuve dans les jardins en dessous de la route, d’où il semblait venir. Pas fier. Courses de 11 à 12. Tâtonnement exploratoire dans le secteur commercial visité hier soir (derrière le lycée français, LaFontaine). Achat pain et viande. Quelques boutiques d’artisanat. Retour en taxi vers collège Yantala. Déjeuner chez Laurence. A 14h, RV avec Kalarika au café du CCFN (Centre Culturel Franco-Nigérien), pour une visite du musée en face. Chouette après-midi. Kaka adorable. Il nous a consacré toute son après-midi sans jamais regarder sa montre, sans aucune trace d’impatience, prenant le temps de tout expliquer avec force détails.

Dinosaure

Le musée est aussi Zoo : lions, hyènes, chacals, hippos, etc…, autruches, aigles & autres oiseaux. Belles salles d’anthropologie sur les ethnies nigériennes (Haoussas, Djermas-songhaïs, Peuhls, et Peuhls-bororos). Magnifiques fossiles de dinosaures (dont véloci-raptors) pour Arno. Photos. Expos d’artisanat intéressante. Il fait très très chaud. Bière intermédiaire. Et re-bière au CCFN après. Magali se sent un peu mieux. Il est convenu que nous lui ferons passer un chouette cadeau, une fois rentrés en France.
En soirée Youssouf passe. Il est fier de nous montrer le 4x4 Toyota de location (très vieux, affichant 225000km au compteur, sans doute bien plus en réalité.) pour partir au W demain.
Dîner chez le chinois près de chez Laurence. Très bien.

Toyota

Mercredi 7 février Départ pour le W après une longue matinée de préparation et de courses (Laurence et Youssouf). On passe prendre un guide (Ama, diminutif de Amadou ?) chez Niger-Découverte, qui a besoin d’aller au W et qui cherche un transport, vers 12h.

entréeW

Route vers le W, asphalte 55 km + piste 75 km, soit 1+2h de route. Tôle ondulée infernale par endroits sur la piste. Pique-nique au bord de l’eau d’une rivière partiellement asséchée, transformée en succession de mares. Ensablement du Toyota. Vite résolu (15-20’). Route à nouveau jusqu’à La Tapoa village à l’entrée du parc. Passage au bureau d’entrée du parc. Il fait très chaud et très soif. Grrrrrooooosse bière au bar de l’hôtel. Puis, en route à l’intérieur du parc. Passage à une plate-forme d’observation, puis petit tour sur la piste direction Bénin. Buffles, babouins, cobes de Buffon. Un rare cobe Defassa, (waterbuck). Superbe. Photo. Mais il est tard (>17h) et il faut faire route vers le campement. Crevaison et réparation. La piste est infernalement mauvaise. Arrivée à la nuit. Le campement est situé au creux du premier des deux méandres du W du Niger. Impression superbe. Sable blanc extra fin. Tentes écrues assorties. Dîner. Magnifique, somptueux ciel nocturne, avec Orion au Zénith, Sirius et la Croix du Sud, qui à lui seul vaut le voyage. Longue contemplation le soir venu, de cette prodigieuse et élémentaire beauté, du fond d’un transat dont je ne parvenais pas à m’extraire pour aller dormir.

Camp

Jeudi 8 février Réveil avant le jour. Saut pressé dans les fringues pour émergence vite de la tente dans l’air très frais (~12°) du matin et découvrir les lieux. Petit matin superbe. Lune. Exploration du dôme rocheux qui domine le camp dans la pâleur de l’aube. Le paysage rappelle un peu Waza. Belle impression.

Fleuve

Vue superbe sur le fleuve Niger, vers l’aval où son cours s’étale au loin, et vers l’amont sur une île du fleuve et un bras mort du fleuve qui courre au pied d’un promontoire rocheux clairsemé de baobabs (photos). Le chant sonore des oiseaux d’Afrique s’élève doucement et se renforce avec le jour naissant. Les branches du sommet des arbres frémissent, agitées par le réveil des singes. Petit dej’ trop européen à mon goût. Thé (Lipton Yellow) ou café (Nescafé lyoph.), tartines, beurre et confiture. Misère ! Dans les préparatifs du départ je découvre que nous avons un autre pneu crevé. Ce qui fait deux pneus crevés. Je l’annonce à Youssouf. Il faut les envoyer en réparation à Tapoa à l’entrée du camp, à 20km (1 grosse heure de piste), avec le premier véhicule en partance. Le retour dépend des voyageurs de passage en route vers le camp, qui accepteraient de prendre un, ou les 2 pneus. Un groupe en partance est d’accord pour passer à Tapoa. Petit dej’. Pas de circuit en bagnole aujourd’hui donc. Option de repli. Sans amertume. Tout est tellement chouette que l’idée de passer la journée autour du camp ne déplait à personne.

Village

Elle commence par un grand tour en pirogue, autour de l’île en face du camp. Les hommes dans une pirogue, les femmes dans une autre. Deux hippos promènent leurs gros yeux devant leurs petites oreilles à la surface du fleuve sur le chemin. Méfiance. Ces lascars sont imprévisibles et redoutables. Des oiseaux tout le long. Superbe atmosphère. Les gondoliers sont sympathiques, et tellement ravis d’être photographiés. Un couple de petits guêpiers verts se laisse tout aussi complaisamment photographier. Les villages riverains sont un spectacle de total exotisme (photos).

Village

Passage le long de la rive gauche du fleuve. Prairie verdoyante pâturée par les vaches. Délicieux hameau sous les arbres. Parfum de paradis terrestre. C’est la petite maison dans la prairie version savane africaine.

baobab

L’Afrique des manuels de géographie d’école primaire des années 50. Archétype d’image d’Epinal, bien réelle celle ci. Retour en rive droite. Bref débarquement pour quelques pas sur l’île. Photos au pied d’un grand baobab. Ama me fait découvrir les cacahuètes des gazelles dont se nourrissent les randonneurs (pêcheurs, bergers, etc…). L’équivalent de nos noisettes sauvages. Retour, installation à l’ombre près de l’embarcadère. Il fait bien chaud. Déjeuner tranquille. Sieste pour les uns. Affût piafs pour moi. Observation des amarantes rouges, et autres tisserins, des délicieux pluviers égyptiens, des élégantes tourterelles du cap (abondantes à Waza où je les ai observées pour la 1ère fois), des mignons soui-mangas (sunbirds) pygmées, des trop jolis petits guêpiers verts, etc... Journée agréablement nonchalante. Chaleur très forte mais supportable, car bien sèche. Silence du camp qui sacralise l’ambiance. Rayonnante beauté du site. Longues minutes écoulées paisiblement sans horaire à respecter, sans autre souci que de savourer la grâce du moment et la tranquille beauté du lieu dans le temps qui s’écoule avec le cours serein du grand fleuve. Les africains disent : Vous avez l’heure, nous avons le temps. Ils ne perdent pas au change. Le soir nous décidons de ne rentrer que samedi dans la journée au lieu de vendredi soir. Le parc du W est immense : Il s’étend sur trois pays : Niger 2200 km2, Burkina 5400 km2, Bénin 3200 km2. Au total plus de 10000 km2, soit 6 fois le parc de Waza au Cameroun. Les pistes y sont aussi mauvaises, avec option montagne en prime et des pentes que certains hésiteraient à descendre à ski. La nature est sensiblement la même qu’à Waza, mais avec des différences appréciables néanmoins : La savane est arbustive ici (voir la doc pour les espèces). Plateau montagneux plutôt que plaine inondable. Pas d’acacias (ou peu ?). Donc pas de girafes ( ?). Peu d’herbe à éléphant (petite taille).

Fleuve

Vendredi 9 février Réveil avant le jour, 6h20. Saut du lit. Petit tour dans le camp encore endormi. Les eaux du Niger ont une couleur d’acier. Premiers bruits domestiques, en écho au lent crescendo du concert des chants d’oiseaux. Toilette et petit dej’. Départ vers 9h. Première courte halte sur une plate-forme d’observation dans un joli sous-bois. Ama qui s’incruste avec nous, me montre des oiseaux que je ne connaissais pas. Il ne fait pas encore chaud. On roule. Bruit de claquement : crevaison. Changement de roue. Route vers la plateforme d’observation près de La Tapoa où nous nous installons en attendant que Youssouf et Ama reviennent de faire examiner le 4x4 par le mécano (bruit suspect), et réparer le pneu. Longue attente donc, sur et sous la plateforme, devant la rivière-mare de la rivière Tapoa, qui me rappelle avec bonheur le paresseux étirement des longues journées mares de Waza. Observation de pas mal d’oiseaux, dont l’ombrette, rare à Waza, commune ici, et son énorme nid. Délicieux martin-pêcheur pie qui chasse en faisant le Saint-Esprit devant nous (photos).

crocos

Quelques jeunes crocodiles africains se chauffent au soleil en attendant d’avoir faim sur la rive d’en face (bonne idée d’y rester). Un éléphant vient s’abreuver à quelque distance. Les sandwiches sont affreusement étouffe-chrétien. Retour de l’équipe logistique, enfin. Le bruit est un problème mais pas une urgence. Le pneu est réparé. Nous apprendrons plus tard (Laurence par Youssouf) qu’ils sont allés chez les parents d’Ama chercher un repas (riz en sauce traditionnel) sans rien dire à personne : 30km de piste aller-retour, donc une heure de route. En prime Ama s’est rapporté une bière, sans penser que cela nous aurait plu aussi, et il aurait même été remboursé en plus d’être célébré. Ama signe là sa vraie nature, sans ambiguïté. Bref, on roule. Longue et cahoteuse randonnée à 4 roues, avec observation de divers oiseaux et mammifères. Arrêt sieste dans la chaleur sur une autre plateforme affût fermée devant une mare de la rivière. Ombrette, mangouste commune, groupes de pintades, épervier. Sieste.

Gazelles

Après la sieste on roule. Un couple de gazelles de Thompson juvéniles se repose, allongées sur la piste à l’ombre d’un arbuste. Elles semblent se prêter complaisamment à la photo, mais soudain bondissent sur leurs pattes pour une raison connue d’elles seules. Ravissantes. Quelques cobes de Buffon. Pas de buffle, ni de lion. Retour au camp au coucher du soleil après passage dans une zone à lion près du fleuve, superbe milieu ouvert. Une colonie de vanneaux caronculés pâture un coin de savane. Je grimpe sur le dôme au dessus du camp pour assister au coucher du soleil. Pas exceptionnel, mais belle ambiance. Puis vite à la douche – nous sommes couverts de poussière - avant l’apéro. J’ai apporté la bouteille de Ballantines, initiative fort appréciée sur le terrain. Après dîner, tout le monde se jette au lit. Magali la première, quittant la table la première. J’attends longuement mon thé touareg (délicieux) en bavardant avec Ama. Je traîne un peu avant d’aller au lit. Petit séjour solitaire à nouveau dans un fauteuil à méditer dans la nuit silencieuse face au grand ciel noir d’Afrique et ses illuminations mystérieuses, une dernière fois pendant une petite demi-heure.

Samedi 10 février Réveil vers 6h30, au point du jour. Tour sur le rocher pour voir se lever le jour. Chants d’oiseaux superbes. Les premiers hérons survolent le fleuve. Quelques poules de roches, matinales, déhambulent vers leur pâture bruyamment. Encore plus en m’apercevant. Quelques photos du panorama aux teintes métalliques d’avant le lever du soleil.

libellule

Un joli passereau (genre bruant fou, probablement bruant cannelle) accueille d’un joli tchip la lumière du jour naissant. Lever du soleil. Ravissante libellule aux ailes barrées d'une cocarde anthracite (photo).

Singes

Il faut redescendre sur terre. Toilette de chat. Petit dej’. La roue de secours est encore dégonflée. Grogne. Quelques photos de singes grignotant les restes de cuisine dans la zone de service. Puis, route vers Tapoa, jusqu’au village avec un bref arrêt café à la plateforme. Là, petit incident avec le mécano qui a réparé la roue dégonflée. La foule s’en mêle. Vigoureux palabres en Haoussa ( ?). Rapport au directeur du parc. Finalement il apparaîtra que le travail de réparation d’hier n’est pas en cause, et le mécano sera payé. En attendant, re-café thermos. Visite de l’éco-musée, largement décrépi. Pourboire au guide. Photos.

Amandines

Je découvre que les arbres voisins abritent une colonie de nids en construction. Les amandines à gorge rouge sont au travail. Je les mitraille un peu, mais pas trop, argentique, encore, avec le Pentax. Finalement nous partons à midi pile. Arrêt à la même traversée de rivière qu’à l’aller. Sandwiches. Agréable moment. Des pêcheurs au filet sont dans l’eau jusqu’à la taille. Ils nous saluent. Le joli martin pêcheur Pie pêche. Puis route vers Niamey. Bout de sieste. Arrivée à 16h. On largue Ama à l’entrée de la ville, morose. Sans regret. Débarquement des sacs et des affaires, tous et toutes bien couverts de poussière rouge de latérite. Dîner au même chinois que l’autre soir. Toujours aussi bon. La soupe de raviolis, le poisson sauce piquante (coup d’avant), et les rouleaux de printemps, sont très bien.

paysageFleuve

pêcheur

Dimanche 11 février Lever à l’aube, 5h45, bouffés par les moustiques. La nouvelle moustiquaire à la fenêtre ne protège pas des moustiques déjà à l’intérieur…. Penser à mettre une plaquette dans l’appareil ce soir ! Aujourd’hui croisière en pirogue sur le Niger organisée par Ibrahim. Petit dej’ tranquille, un peu somnolent. Départ avec l’arrivée d’Ibrahim vers 7h30. Taxi jusqu’au barrage. Quelques photos en attendant Mohamed et sa pirogue. Finalement on embarque et deux pagayeurs nous font remonter le cours du Niger d’une pagaie vigoureuse, en longeant la berge rive gauche. Jardins, nénuphars, roselières, entrecoupées d’éclaircies où l’on peut voir les scènes de la vie quotidienne des rives du Niger, villageoises qui lavent leur linge ou qui se lavent, enfants qui jouent. Très chouette. Passage en général ponctué de saluts amicaux. Quelques gestes d’agressivité parfois néanmoins, pour les gens qui sont dérangés dans leur toilette. Appareils photos alors ostensiblement au repos. Puis nous parcourons une longue lagune parsemée de nénuphars en fleurs. Des pêcheurs s’activent à préparer leurs filets ou sont déjà en action. Des oiseaux, certains non observés jusque-là : une espèce de cisticole ou locustelle, une de troglodyte (bec courbe, type cactus wren californien), un couple d’échasses blanches, héron crabier, oies pygmées (1ère observation), ravissants jacanas partout.

Hippos

Une famille d’hippos, un couple et deux jeunes, nous fait étalage de son intimité, s’ébrouant sur la langue de terre qui ferme la lagune. Scène superbe. Photos (argentique). Nous les retrouvons plus tard à l’eau, tête émergeant à peine, de l’œil et de la narine. Fascinant. Un moment, le mâle jaillit brutalement de l’eau en rugissant, la gueule grande ouverte (pas eu le temps de le photographier). Avertissement sans frais disent les guides. On ne bouge pas. D’après les guides, lorsqu’un petit vient de naître, aucune embarcation de remonte ou ne descend le fleuve pendant une semaine. Retour, tous emerveillés, vers 10h30. Taxi jusqu’à la maison. Café avec Ibrahim et Mohamed. Mohamed nous montre ses Batiks (toiles imprimées). Nous en sélectionnons quelques uns. Déjeuner chez Laurence. Et sieste. Kalarika passe avec de la viande de poulet pilée aux arachides. Il nous fait un thé touareg. Nathalie, petite canadienne d’Oxfam passe avec son mari. Discussions sur le palu, le sida, la politique sanitaire des pays occidentaux, etc… Bref on refait le monde. Moment agréablement convivial. Laurence est nerveuse pour la préparation de la soirée. Dîner avec ses invités: Abdullaï le comptable de la CADEV, fort sympathique, et Issoufou (nom de famille, pour marquer le statut) le patron de la CADEV Niger, fort guindé. Il a dû venir avec sa chaise. On boit une bouteille de Château Gloria, chaud. Mr Issoufou nous raconte sa vie, comment en France il a été hébergé par des gens racistes quand il était étudiant (pas une surprise) et comment une étudiante française à la fac à Tunis était détectée à cent mètres quand elle rentrait de France avec ses camemberts puants. Bref, du meilleur goût. Il a épousé une allemande, catho comme lui. Pas envie d'en savoir plus. Depuis il a quitté le Niger et il est parti en Allemagne.

Lundi 12 février Réveil 7h. Rédaction des notes du journal et liste des oiseaux observés. Magali émerge vers 8h, puis Laurence. Elle va faire voir son angine persistante à la clinique. Retour une heure après. On part en ville pour le grand marché (photos clandestines au jugé) pour acheter des pagnes (pièces de tissu pour faire des vêtements). Puis passage successivement chez le tailleur et chez la couturière libanaise (dont le mari est un beauf accompli). Livraison demain. Retour à 13h. Déjeuner fin des restes de la veille. Sieste. Rédaction notes. Départ vers 17h30 à pied pour un passage au marché du château où Laurence va voir son bijoutier local.

GrandHotel

Vue

On achète des brochettes à un marchand handicapé. Puis taxi jusqu’au grand hôtel pour le fameux coucher de soleil. Bière à la terrasse qui domine le fleuve. Vue superbe. Photos. Nous attendons Nacir, qui annonce être en route par téléphone. Les vols impressionnants de roussettes arrivent dans le ciel avec la nuit. Superbe et étrange. Dîner au restau Exotic au bout de la rue du grand hôtel. Encore du capitaine à la nigérienne pour moi, grillé pour Magali. Appétissantes cotes d’agneau à la purée d’igname pour Laurence et tout aussi appétissants rognons (zébu) pour Nacir. A retenir pour la prochaine fois….

Mardi 13 février Lever 7h. Hésitations jogging pas jogging. Finalement ça attendra dimanche à St Jean. A 8h Laurence et son informaticien essaient de décoincer le PC qui annonce 0 mémoire disponible alors qu’il y a plein de place sur le disque. Virus probable (qu’elle m’a communiqué via ma clé USB). Pb pas résolu. Laurence part au boulot à 9h. Très grognon. Avant 10h on file en ville pour un tour et des courses.

Roussettes

Marché

Passage au dortoir des roussettes. Vraiment étonnant. Elles sont agglutinées en grappes dans les arbres de la banque AO. Photos. Puis on marche jusqu’au petit marché. Très pittoresque, très animé, très coloré. Photos clandestines toute la matinée en cadrant au pif l’appareil à bout de bras (ballant). Plein de ratés mais l’atmosphère y est. Passage chez le marchand de journaux qui a des cartes postales. Bien. Provision. Puis chez Air-France qui a déménagé. Un peu galère. Puis chez le copain bijoutier de Laurence. On rentre à midi en taxi. Déjeuner. Sieste. Départ vers banque et marché du château vers 15h30. Achat de masques chez les marchands recommandés par Laurence. Accueil chaleureux, et évidemment commercial. Je lui offre un chouette crocodile en bois sculpté (1m50) et j’achète une panthère de bronze semblable à celle magnifique (~1m au garrot) vue au MET museum de NY deux semaines auparavant et datée du 16-18ème siècle. Retour à 17h. Magali a une tourista avérée. Le décollage va être dur… Préparation des valoches. Pas de pb pour tout faire entrer dans les 3 valises. Youssouf arrive juste avant qu’on se mette à table. Il s’y colle avec nous. On se fait une bouteille de Chablis 1er cru (bon, mais pas extra) apportée de chez nous, avec le dîner simple (salade, frites d’igname achetées au coin de la rue, fromage). Le gentil Ibrahim (qui nous a accompagnés en pirogue) passe avec des cadeaux pour nous, de la part de Rabi (super chemise pour moi, robe pour Magali), de Kalarika (stylos des détenus, il est représentant local de Prisonniers Sans Frontières) et de lui-même (tableau d’oiseau en ailes de papillons !!! gêne dissimulée, photos de la sortie en pirogue, plein de porte-clefs). Bonté gracieuse, comme ces gens sont gentiment merveilleux. Kalarika nous a aussi fait passer de la menthe pour le thé. On part vers l’aéroport vers 21h30. Cafouillage avec Magali qui a oublié de remettre le T-shirt enlevé une heure avant à cause de la chaleur, et qui est Dieu sait où, et qu’il faut retrouver. Je bous un peu. Adieux un peu précipités car l’enregistrement est en zone contrôlée. Les porteurs de l’aéroport de Niamey sont d’une exigence assez détestable. La suite sans histoire, depuis Niamey jusqu’à St-Exupéry. La navette aéroport nous pose devant le labo à Grenoble, où la voiture nous attend.

Théière

Fin de l’histoire.

Recette du thé touareg préparé sous mes yeux par Kalarika : Beaucoup de thé dans la petite théière (disons 5-6 cuillérées, ou 2 petits verres à thé). L’eau est ajoutée à froid et la théière est installée sur le petit brasero. On maisse bouillir bien 10-15 minutes. Puis on ajoute le sucre, beaucoup de sucre (disons 1-2 verres), et on verse le thé dans un ou deux verres, puis on le reverse dans la théière, et ainsi de suite, plusieurs fois, en élevant la théière. Je crois qu’on ajoute la menthe à ce stade. C’est la première infusion, elle est amère comme la vie. On recommence ensuite toute l’opération avec le même thé. C’est la seconde infusion, elle est douce comme l’amour. On recommence à nouveau. C’est la troisième infusion. Elle est suave comme la mort.

bois busard  amarantes jacana  rollier

Liste des oiseaux observés au cours du voyage.

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Michel Buénerd. Contact: buenerd.michel@wanadoo.fr