Pendjari_avr08 |
Lundi 21 avril -
Départ du labo à Grenoble par la navette aéroport de 11h. Correspondance et voyage sans histoire.
J’ai une bonne fenêtre à gauche et une charmante voisine à droite sur le vol CDG-Ouagadougou. Elle est
fonctionnaire de la commission européenne en poste à Ouagadougou. On parle de Planète-Urgence, de
la mission Pendjari, de mon projet Waza, et de la nature de l’action sur le terrain. Elle s’étonne que ce type
de tâche ne soit pas assurée par des acteurs locaux. Aurel m’avait déjà fait cette observation. Elle
envisage de venir le weekend du 1er mai à Pendjari, et elle me laisse ses coordonnées.
Vue magnifique sur le Sahara avant que la nuit ne tombe. Immense circonvolutions concentriques sur fond
de teintes ocres et brunes, dont on se demande comment elles ont été créées. Je me décide trop tard
à sortir le Canon du coffre à bagages.
Arrivée à la nuit (19h45). Il faut plonger depuis la passerelle dans les 38° Burkinabés sur le tarmac encore
brûlant de la fournaise quotidienne. Le passage des contrôles - sanitaire, immigration, douanier, - est
assez longuet (j'étais au fond de l'avion). Bagages rapidement récupérés et j'émerge parmi les derniers
dehors. Et là, personne. Pas de panonceau PU brandi ostensiblement par le correspondant local (à noter
dans le rapport). Pas de trace de Pascale rencontrée lors de la journée formation, ni des 2 autres
volontaires inconnues. Petit moment d’inquiétude, qui dure un peu, un peu trop - d’autant plus que je suis
chargé comme un mulet et sans bagage à roulettes (tout en sacs) - disons un bon quart d’heure.
Finalement Pascale émerge du parking où ils avaient porté les bagages, avec l'accompagnateur - et
guide sur le terrain - Razack, pour venir me récupérer, et tout rentre dans l’ordre.
Incident près du parking où deux types s’empoignent, l’un d’entre eux essayant de flinguer l’autre avec ce
qui semble, au bruit des détonation, être un pistolet d’alarme. Charmant accueil. Prudent détour. Notre
chargé d’accueil est accompagné de Romain, ex-volontaire PU, installé depuis deux mois à Tanguiéta où
il s’est installé après sa mission. Très gentil. L’air un peu perdu.
Je découvre Anne et Cécilia, les deux autres volontaires, souriantes et disertes. Congratulations d'usage.
Bagages prestement enfournés dans la Nevada bien déglinguée du parc.
Mardi 22 avril -
Taratata à 5h30. Douche, paquetage, puis décollage un peu après 6h. Les rues sont pleines dès l’aube à
Ouaga. Les avenues acheminent vivement leur flux de vélos véloces et de mobs pétaradantes et souvent
rutilantes – merci Yamaha – que les voitures font semblant d’ignorer. Ruée matinale enveloppée d’une
houppe de poussière de fin de saison sèche, dont nous profitons un peu. Quelques percnoptères bruns
survolent placidement cette effervescence, en quête de pâture.
Longue traversée des faubourgs tumultueux avant de trouver la nationale, bien plus calme,
frangée d’une guirlande de piétons et de cyclistes qui se hâtent tant que la température le permet, et qui
se raréfient à mesure qu’on s’éloigne de la ville. Cap à l’Est vers le Niger et Niamey (allo ma grande !).
On s’arrête à Koupéla pour le petit dèj’. Thé (Lipton Yellow - sur les traces de Coca-Cola - calamiteux) et
bribes d’omelette. Un peu léger, mais bon, on n’est pas là pour se gaver. Changement des Euros en CFA
au rythme local à la Bank of Africa. J’en change 300, avec l’intention de faire tourner le commerce local.
Longue route ensuite jusqu’à Fada-Ngourma, où nous quittons la direction du Niger pour mettre le cap au
Sud vers le Bénin. Une ligne électrique moyenne tension est en construction le long de la route. Paysages
de savane largement arborée. Villages de cases typiques.
Il était une fois un mouton, une chèvre et un chien qui voyageaient ensemble dans un taxi brousse. Le mouton descend le premier et paie sa course. La chèvre demande à descendre un peu plus loin et se sauve sans payer, le chien descend en dernier et paie sa course avec un gros billet. Le chauffeur empoche le billet et s’enfuit en disant au chien de s’arranger avec la chèvre pour la monnaie. C’est pour cela qu’au bord des routes d’Afrique, lorsque passe une voiture, le mouton poursuit sa pâture paisiblement, la chèvre s’enfuit prestement pour n’avoir pas à payer sa dette, et le chien poursuit la voiture en réclamant sa monnaie.
Razack roule à l’africaine. Traversée des villages à 120km/h quand elle est limitée à 50. Villages de cases de pisé et de chaume très pittoresques, aperçus le long de la route, à l'architecture semblable à celles que j'ai déjà vue au Cameroun du coté de Garoua/Maroua. Ah les beaux baobabs. On arrive finalement à destination vers 14h.Tanguieta est un bourg africain sans originalité particulière en apparence, niché contre la chaîne des (basses) montagnes de l’Atakora (<~500m). Il est traversé par la nationale qui relie le nord du Bénin au Burkina-Faso. C'est la seule voie asphaltée. Les rues cahotantes et ocre-rouges de latérite, et fort poussièreuses, sont bordées d'échoppes diverse et de constructions en pisé. Chiens errants, cochons divagants, chèvres nonchalantes, canards cahotants, poules fureteuses, enfants nus à même le sol, piétons colorés, le quotidien local est un univers curieux, coloré, exotique, pour l’européen en vadrouille. Les rues sont souvent bordées de terrains vagues jonchées de détritus et d'immondices diverses que patûrent des légions de cochons sympathiques. Les affreux sacs plastiques noir qui constellent le sol africain du nord au sud et de l'ouest à l'est, sont partout, comme à Waza, comme à Douala, comme à Niamey. Terrible envahissement, qui semble indiffèrer l'Afrique.
Planète-Urgence (PU) a une maison à Tanguiéta, ceinte d’un haut mur, où nous sommes logés assez sobrement si on se réfère au standard du luxe européen. C’est pas le Club Med’. C'est moins agréable qu'à Waza où j’avais aimé les grands boukarous pittoresques. Le logement est plutôt à mon goût néanmoins. Déjeuner dans un bistro agréable en ville. Assiette de couscous et petite cuisse de petite pintade. Encore bien léger. Mais la Flag est à volonté (payante), rassurante. Sieste ensuite, une bonne heure. Réveil dans un abîme de soif à calmer impérieusement. Puis parcours des rues, à pied avec les autres, vers le café internet de PU. Ablutions messagères pour tout lemonde. Retour à pieds avec Pascale. Le ciel tonne au loin sur le parc. Orage sec ? non. En fait il a bien plu sur le parc ce soir là. Prémices qui annoncent une saison des pluies un peu en avance. Pas une bonne nouvelle pour nous. Ensuite effort d’organisation de ma chambrette, plein sud, perron privé. La sueur qui ruisselle complique tout. La salle de bain est extérieure, fermée par une porte métallique comme toutes celles de la maison. Sans lavabo. Il faut enjamber la cuvette des toilettes pour accéder à la douche, laquelle fuit inexorablement en toute immoralité, avec une inaltérable constance, et sans considération aucune pour la période sèche qu’elle outrage impunément. Assouma à qui je signale le problème ne s’en émeut pas. Il affirme mollement qu'il fera le nécessaire. Pas convaincant.Mercredi 23 avril - Réveil vers 7h15 après un long flottement un peu euphorique sur les vagues refluantes du sommeil. Douche rapide. Petit dej’ au soleil levant bien voilé, agréable. Café tartines. J’apprends à dire bonjour en Dendi, langue locale : Nassouba (ça va ?). Razack nous prend à 9h pour nous emmener au CENAGREF pour la séance de formation. Les responsables sont absents pour quelques jours encore. Madjid, technicien des eaux&forêts du parc, nous fait une brève formation en deux étapes.
D’abord introduction à la faune locale, traces d'animaux, etc..., puis initiation à l’utilisation du GPS. J’en profite pour tester le mien qui marche fort honorablement. Il avait mis un certain temps à trouver les satellites de référence hier soir. Puis évaluation des distances en préparation à la mesure des distances de fuite des cobs de Buffon. Ambiance de compétition pour rire, amusée et amusante. Il existe un guide de la faune des parcs W+Arly+Pendjari très bien fait que Madjid nous fait découvrir et dont je lui demande de me trouver un exemplaire à acheter. Retour à midi via le chouette marché de la ville où nous faisons provision de mangues, et d’images d’une magnifique fraîcheur, avec des couleurs que l’on ne trouve qu’ici. Superbe séquence de tableaux vivants. joli bonheur visuel. Déjeuner à la maison PU avec les deux volontaires enseignement (Michèle et Gwenaelle) et le volontaire formation informatique (Paul). Convivial. Encore une audience du procès en défaillance de bonne coordination de l’institution PU. Pâtes et boulettes de viandes, délicieuses. Toujours pas de bière.
Pas de sieste non plus. Une vague période de somnolence en tient lieu. Je lis un numéro récent du
Courrier International apporté dans les bagages. Razack est en retard au rendez-vous de 17h. Nous
retournons au CENAGREF, mais il semble qu’il n’y ait rien à y faire, personne n’étant disponible ou
disposé à l’être. Bref, nous allons faire les courses. Bière d’abord. Pas facile d’en trouver une caisse.
Mais on finit par y parvenir. Amuse-gueules et Martini pour l’apéro achetés dans la foulée, et eau plate
pour le parc. Puis sac à dos pour Cécilia. Au retour nous irons chez le tailleur nous faire faire des
fringues. J’ai envie d’un pantalon léger à l’africaine. Tanguiéta m’est apparue plus sympathique qu’au
premier abord. Partie d’internet enfin, longuette, ponctué d’une coupure d’électricité. J’envoie la
comptine à mes loupiots. Retour à la maison PU à la nuit, après 19h, les filles sur le toit du 4x4.
Blaise n’est pas là. Douche pour les uns, rangement pour les autres, ou bavardage au salon, en attendant.
Blaise arrive enfin. Razack, invité, s’est joint aux 7 volontaires présents. Couscous et ragoût de mouton.
Très bon. Un autre employé du site nous a rejoint. Dîner convivial.
Douche ensuite. Ma salle de bain est franchement crasseuse. Je demanderai à Assouma de nettoyer le
sol et la cuvette des WC dont la chasse est recouverte d’une belle couche de poussière ocre sale. Je
découvre que la cuvette des WC héberge un locataire, qui s’éclipse prestement coté siphon
lorsqu’on le dérange. Pas réussi à identifier avec certitude la nature de l’occupant. Petite grenouille
possible, ou gros insecte genre larve de dytique. Je tire la chasse doucement pour ne pas risquer de
l’évacuer.
Demain matin nous partons pour le parc à 7h30. Je me mets au lit après avoir reconditionné mes bagages dans 3 sacs au lieu de 4. Je laisserai une partie de l’équipement (fringues) dans la chambre. Je retrouverai le tout au retour ici dimanche soir. Fin d'une journée passée à ne pas faire grand-chose. On aurait largement pu faire cette micro formation hier après-midi, et filer sur le parc dès ce matin, ou la faire ce matin et partir cette après-midi, et ainsi gagner un jour de terrain. Dommage. Lenteur consubstantielle de la culture locale. L’optimisation de l’emploi du temps n’est pas un concept applicable ici. Faisons avec.
Soirée sans relief particulier. Diner dodo.
Jeudi 24 avril -
Réveil prématuré vers 4h30. Il me permet de profiter du premier chant du premier coq (ou perçu comme
tel), prélude au long concert de répons a capella qui le suit, des même chants d'autres coqs du village,
plus ou moins éloignés, ponctués d’aboiements des chiens et d’autres cris non identifiés. Douche à 6h.
C'est une petite grenouille au corps un peu translucide qui a élu domicile dans la cuvette des toilettes.
Puis rédaction de mes notes.
Le temps est brouillé et le ciel largement couvert d'alto-cumulus, résidus probables de la pluie d'hier soir.
Nous partons après avoir un peu attendu Razack.
La route du parc est bordée de villages qui témoignent de la simplicité du mode de vie local, et de la
pauvreté de la population rurale de cette région. La piste jusqu'à l'entrée du parc est en bon état. Elle porte
les traces de la forte pluie de la veille et nous traversons quelques fondrières de bonne taille. Le 4x4 s'en
joue sans dificulté.
Arrêt à l'entrée du parc. Nous prenons un passager, Saïdou, jeune homme timide, qui va nous aider au
quotidien et nous suivre un peu partout. Il s'aménage une place dans la partie bagages à l'arrière du Toyota.
Dès l'entrée franchie, la population animale subit une forte transition et la faune
observée en bord de route s'enrichit considérablement. Nous observons nos deux premiers groupes de
cobs de Buffon.
Nous prenons notre premier déjeuner sous le grand chapiteau central. Très agréable. La cuisine est bonne. Trop européenne à mon goût.
Après la sieste nous faisons un premier tour de mare. Comptage d'hippopotames (hippos) et découverte de superbes traces lions à la mare Diwouni juste derrière le camp.Piafs du jour : hooded vulture, Ruppell’s ou Eurasian vulture.
De retour à la tombée de la nuit, nous prenons l'apéritif au "vin" de palme apporté par Razack. Pétard, ça ramone sec ! Ensuite dîner: salade tomates, pintade et semoule, bière, café. C'est Bizance. Puis assez vite au lit bien nourris et bien abreuvés. La chaleur est un peu suffocante. Au milieu de la nuit je suis réveillé par un fort coup de vent qui fait claquer le volet. Quelques grosses gouttes semblent annoncer un nouvel épisode pluvieux, qui finalement n'aura pas lieu. Le camp est d'un calme impressionant. J'aimerais voir passer un lion ou une panthère. Hélas. Silence et moiteur.
Vendredi 25 avril - Lever 6h20. Le petit dej’ est correct. Hélas européen lui aussi. Café tartines. Temps voilé. Démarrage 7h. Tour de piste du coté de l'entrée Ouest (Arly) du parc, Hippos dans la Pendjari (photos). Puis Cecilia et Anne à la mare Diwouni avec Saidou. Pascale et Michel avec Razack sur le circuit de comptage. Traces de lion magnifiques derrière la mare Diwouni (photos). Pléthore de cobs de Buffon. 2 cobs Defassa (waterbucks), deux groupes de phacochères (photos). 1 guib harnaché.
On remplit les fiches de comptage. Assez beaux paysages de savane arborée, mis rien à voir avec la splendeur du Yaéré de Waza. Retour à 11h. Délicieux Soui-Manga dans un arbuste derrière le camp. Les filles tappent le carton avec Razack. Déjeuner à midi. Salade de tomates, riz sauce tomate et pintade, bière. Bonne sieste. Tour du camp vers 14h30. Franchement crad’. Faire passer le message. S’ils veulent attirer les clients européens/américains, il faudra faire le ménage. Photo au télé d’un magnifique moucherolle de paradis (Terpsiphone viridis) dans un arbre près de mon bungalow. Le temps s’est alourdit. Ciel gris et chaleur lourde.
Samedi 26 avril -
Réveil nocturne vers 2h, sans raison clairement identifiée. Sentiment, sans doute infondé, de n’avoir pas
redormi ensuite. Mais malaise réel. Un peu dans le paté au petit dej’, mais pas excessif finalement. Les
filles bien plus mal, à cause le chaleur, bien lourde, trop lourde.
On se retrouve tous à la mare Sacrée pour déjeuner. Ensuite tout le monde fait la sieste. Trop attiré par
la nature locale pour dormir, je vadrouille autour de la mare à la chasse aux images. A plusieurs
reprises, je fais fuir des oiseaux au vol étrange et aux ailes translucides ocre-jaunes. Je finis par découvrir
qu’il s’agit de chauve-souris, en les observant suspendues à des branches, sous les arbres buissonnants
bas qui bordent la mare. Elles sont superbes. Mais je foire les photos (bougées ?). Observation de
Soui-mangas qui s’abreuvent accrochée à un rameau plongeant dans l’eau, et d’un gobe mouche gris
(probable).
Dimanche 27 avril - Réveil 5h50 encore. Bon sommeil. Merci pilule (Zolpidem, pub gratuite, que j'utilise occasionnellement pour les situations type jetlag et autres pb de papy). Petit déjeuner en forme. Nous allons d’abord à la mare Sacrée, virée à pieds avec Pascale et Razak tandis que A&C se tappent le comptage des hippos en statique sur la plate-forme. Puis nous partons pour un circuit comptage.
Ici, comme à Waza et au W, les pintades et les francolins sont partout. Leurs petites troupes déhambulent volontiers le long de la piste. A chaque arrêt du Toyota, nous les voyons détaler en se déhanchant hativement ou s'envoler dans un concert de claquement d'ailes. Cette omniprésence donne au milieu un air de fête permanente et de célébration de la nature que je vis avec un total bonheur.La population de cobs de Buffon du parc est vraiment énorme. On en voit partout. Passage à la mare Kana (qui ne figure pas sur la carte bien que conséquente), puis mare Yangouali beaucoup plus loin à l'ouest. Virée à pieds là encore. Manqué un héron goliath levé par R&P devant moi qui traînais à chercher les piafs dans les branches. Tout cela pendant que A&C étaient sur le comptage des hippos. Puis nous partons vers le sud, objectif Tanguiéta cette après-midi. Aaaaarrrrrgh ! 3 grands calaos magnifiques juste en arrivant à la mare Bali. Super photos.
Déjeuner rapide à la mare Bali: juvénile de Jabiru (photo), grues couronnées. En repartant, Cécilia note la présence de grands calaos pas loin. Sans doute les mêmes que ceux vus en arrivant. Je les observe en disant que "je vérifie que c’est pas des pinsons des arbres". Et Cécilia sur un mode un peu grinçant, "Ah, le voilà qui ramène sa science !". Bon. Mauvaise réputation déjà ? Hier dans la voiture, j’ai évoqué je ne sais plus à quel propos le film "L’homme qui n’a pas d’étoiles", que personne ne connaissait dans l'équipe (si vous voulez voir Kirk Douglas sortir de sa baignoire plus truculent que jamais dans un magnifique western Shakespearien de King Vidor, précipitez vous chez votre fournisseur/loueur favori.), puis objecté à Pascale dans la discussion qui a suivi, que "les 7 mercenaires" qu’elle avait aimé, était un très bon western (J.Sturges), mais une transposition d’un magnifique classique de Kurosawa. J’ai senti que cette remarque passait derrière moi (j'étais sur le siège avant), comme la confiture de la petite culture qu’on étale parcimonieusement pour attester de son immensité. Cabotinage ostentatoire ? surement pas. Vieille cinéphilie toujours aussi vivante, bien qu'un poil érodée. Je tenais ce que je disais comme une information qui pouvait intéresser. La discussion s’est arrêtée là. Bon, je me surveille.Arrivée à la maison PU vers 16h. Fourbus. Vite à la douche. Toujours aussi crasseuse. Je rince le dessus du couvercle de la chasse pour pouvoir y poser mon savon, et celui de la cuvette, et y projetant de l’eau de la douche recueillie à la main. Demain j’essaierai de retrouver un récipient pour rincer le sol un peu gadoue à l’entrée. Il ne semble pas y avoir d'autre option. Ma grenouille a disparu. J’aurai dû la sortir avant de partir. Mais allez coller une épuisette là-dedans. Safari cuvette pas évident.
Nouveaux volontaires pour le soutien à l’enseignement, fraîchement arrivés. L’un d’entre eux venu pour la
formation informatique me demande si je saurais configurer le clavier du PC IBM tout neuf qu’il a apporté.
Réponse négative. Cap sur le café internet pour les nouvelles, puis grande bière apéro. J’appelle Magali.
Dîner vers 20h30. Ambiance agréable.
Ciel étoilé enfin. Pratiquement le premier. Trop fatigué et trop de lumière d’éclairage public autour de la
maison. Je me souviens avec émotion du fantastique ciel du W l'an dernier. Ce n'était que 200km plus au
nord, mais d'une beauté incomparable.
En privé vers 22h. Actif jusque vers 23h30. Je décide de dormir sans ventilateur ni moustiquaire, le
moustique étant rare. Réveil vers 3h30. Les coqs chantent déjà. En fait ils semble qu’ils chantent plus ou
moins toute la nuit à partir d’une certaine heure. Chaleur, et vague vrombissements. Bizarrement je me
sens tout nu – mon état réel - et frileux. Je mets le ventilo et la moustiquaire. Rendormissement assez
longtemps après.
Piafs du jour : Soui-mangas, oedicnème du Sénégal, grands calaos d’Abyssinie (3 = M+2F),
grande outarde, juvénile de Jabiru (bec jaune), grues couronnées. Bonne journée.
Lundi 28 avril - Jour de repos. Réveil naturel vers 6h50. 29° dans la chambre. Temps plutôt avenant. Toilette de chat – Assouma ne m’a pas rendu mon linge à laver et je n’ai pas de serviette de toilette - puis un peu de rédaction. Nous devons partir pour un circuit touristique à 8h30. 7h50 au petit dej’. Les autres y sont déjà. Ambiance cordiale, rieuse même comme toujours avec A&C. Départ un peu après l’heure prévue. Pascale devant, à sa demande (elle applique avec vigilance un principe d'alternance avec moi), les filles et moi derrière. Les femmes des environs se rendent au marché de Tanguiéta et marchent en file indienne en bord de route, chacune portant sur sa tête un ballot, une bassine de légumes, un fagot ou toute autre charge légère ou fardeau avec la même aisance apparente. Elles sont toutes habillées de boubous aux couleurs vives et cette procession colorée de la vie matinale est d’une magnifique élégance. Il faut se pincer un peu pour se rappeler que cette célébration de la couleur est aussi la longue marche de l’extrême pauvreté, celle qui n’a pas d'autre moyen que sa tête pour porter son fardeau. Impossible de faire une image de cette chenille magnifique depuis l’arrière du véhicule. Pascale vautrée à l’avant savoure son statut privilégié et n’a pas cette idée. Grrrrrrr.
Après une quarantaine de km de route nous quittons l’asphalte pour la piste.
Razack nous emmène d’abord au village de Tagayé sur la route entre Natitingou et Boukoumbé, pour visiter un tata Otamari. Là, nous découvrons que le tata est une ferme fortifiée à l’architecture complexe, adaptée à la défense de la communauté et de son cheptel contre, tout à la fois les prédateurs et les assaillants éventuels.L’ensemble que nous visitons est superbe et superbement entretenu. Lieu de vie authentique que l'on peut photographier moyennant un droit modeste (500 CFA/visiteur). Le contact avec les habitants est agréable. Ils mettent beaucoup de bonne volonté à nous faire visiter les détails de leur cadre de vie que Razack commente abondamment. Nous assistons à des scènes très pittoresques de la vie quotidienne locale (photos).
J’achète deux petites poteries à une femme assez antipathique qui m’avait tiré par la manche pour se faire photographier avec son chapeau à cornes, moyennant paiement. Nous poursuivons ensuite en direction de Boukoumbé vers un autre village, kouaba, pour visiter un tata Ossori, à peine moins impressionnant que le précédent (photos).
Ensuite nous allons à Natitingou, capitale régionale, pour déjeuner sur une terrasse-pergola qui domine
la ville du flanc d’une colline rocheuse dont je découvrirai le sommet, son verger de manguiers et son
panorama à l’heure de la sieste. Déjeuner agréable, bœuf aux pâtes très bien cuisiné par Blaise, et
arrosé à la Béninoise comme il se doit. Razack s’échappe ensuite "une demi-heure" dit-il, pour acheter
des pneus. Il reviendra 2 heures après. Nous sommes limite grognons.
Pascale décide sans consulter personne que la priorité est aux courses sur la visite du musée. Je me
mords la langue. Nous allons visiter un marchand de tissu et je trouve un chouette pagne pour me faire
faire le falzar léger dont j’ai envie. Comme ce pagne est triple, Razack en prend un tiers et je garde les
deux autres, avec le tissu pour une chemise en plus donc.
Visite du musée ensuite avec les commentaires intéressants du guide. Nous apprenons pas mal sur les
coutumes et l’histoire du Bénin. J’achète un recueil de contes pour mes loupiots, qui se révèlera d’une
affligeante et pompeuse nullité.
Visite d’un marchand d’artisanat enfin, où je craque à nouveau pour une panthère en bronze, plus grosse
que celle achetée à Niamey l’an dernier (40 Euros). Et un petit collier pour Magali.
Retour à Tanguiéta vers 18h. Passage au magasin pour les provisions de la semaine, amuse-gueules
apéro et bières, et coca pour les filles. Puis cap sur la maison après avoir débarqué les filles au café
internet. Ecrasés de chaleur. Douche. Petit bonheur du soir, ma copine la grenouille est là, fidèle au poste,
dans la cuvette des WC. La salle de bains est toujours aussi crad’. Je rase ma barbe d'une semaine.
Personne ne le remarquera.
Le tailleur vient prendre nos mesures juste avant le dîner. Dorade au menu. Délicieuse. Chacun rejoint
sa chambre ensuite après que les filles aient renoncé à faire de la saisie de données sur mon laptop.
Ce sera pour plus tard. A 23h, il fait 32° dans ma turne. Bien dur.
Piafs du jour : Cinnamon-breasted bunting p 727 du Sinclair & Ryan (Bruant cannelle). Déjà observé l'an dernier au W. Ressemble vaguement au bruant fou européen. Fox kestrel p109 (crécerelle renard ?) gros joli faucon, fauve. Les deux dans le secteur des rochers au-dessus de la terrasse-pergola à Natitingou.
Mardi 29 avril -
Réveil naturel à 6h après une nuit calme, interrompue pour boire. Douche. Ma grenouille est là. Je laisse
la cuvette ouverte. J’essaierai de la sortir de là et de la mettre sous une pierre humide en partant. Mais
pas forcément une bonne idée. C'est sa vie.
Petit dej’ détendu en terrasse, l’intérieur étant encore trop chaud (30°).
Le départ prévu à 6h, puis 7h, n’aura lieu finalement qu’à 8h15 après un passage au CENAGREF pour
le plein. Là tandis que nous attendons le retour du véhicule, Cosme me demande une photo du groupe
de volontaires pour illustrer le prochain numéro du magazine de la Pendjari. Un employé me demande
aussi de lui poster en France un colis pour des amis à lui à Nice. J’accepte. Le guide de faune de WAP
(W/Arly/Pendjari) est indisponible.
Aristide et le conservateur sont absents. Limite acceptable comme accueil d'un groupe de volontaires.
En route pour la deuxième semaine de brousse. Nous roulons direction Ouaga jusqu’à la route de Porga
pour accéder au parc par cette entrée. Razack s’est acheté une conduite, il roule à 80km/h. Les
béninoises crachent beaucoup, de long jets de salives, bien inélégants.
Mercredi 30 avril - 32° à 6h. Grande moiteur. Réveillé depuis 3h30. Gros paté. Pareil pour les filles retrouvées dévastées au petit dej’. Tout le monde souffre. Ce soir on essaie de changer de qualité de logement.
Départ avec ~1/2 heure de retard. Cap sur la mare Tiabiga. Comptage dans la strate. Beaucoup de cobs comme d’habitude, mais aussi cobs de Fassa, ourébi et guib harnaché. Nous allons jusqu’à avant le croisement de la piste avec la rivière Pendjari. Là, demi-tour, fin de la strate. Arrêt déjeuner à Tiabiga. Puis repos jusqu’à 15h. Tiabiga est un marais plus qu’une mare, de 800mx200m environ. Bourré d’hippos (~100). Nous observons aussi : Black shouldered kyte (élanion blanc), fox kestrel, oedicnème criard (du Sénégal ? photo, vérifier), héron goliath, héron à tête noire, chevalier cul-blanc ( ?), et les autres oiseaux habituels.Piafs du jour : Black-shouldered kyte, oedicnème criard (du Sénégal ? photo, vérifier), heron goliath.
Jeudi 1er mai - Nuit pilule, encore. 33° à 6h dans la chambre, étuve totale. 28-29° dehors. Départ à 6h40 pour la mare de Bali. Comptage. 31 éléphants, qu’on approche un peu à pieds. Mais vent défavorable. Cinq autres plus loin.
8h30 à la mare. Tour de mare à pieds à la recherche de traces de lions. Deux fois. Bubale, joli. Familles de babouins. Nid de vanneau à tête noire avec 5 œufs (photo). Vu le parent dessus ensuite. Vanneaux caronculés. Oedicnèmes (10-15). Buse des sautelles, bien observée (moustache). Black-shouldered encore. Déjeuner sur la plate-forme. Un babouin est coutumier du lieu. Se laisse bien approcher. Un couple de jabiru se chamaille. Avec 2 jeunes. Grosses scènes de ménage. ça vole ! Photos. Aigle dos brun sombre, tacheté/strié de blanc verticalement le long des bras, tête brun-jaune, joue jaunes clair, bec gris, poitrine fauve. Dessous typique du juvénile d’aigle pêcheur. Un éléphant surgit pendant que j’observe. Sujet jeune. Vient jusqu’à la mare et se baigne. Photos (surex, crétin !). Retour à l’hôtel vers 16h30. Magnifique araignée sur le mur de ma chambre en rentrant, genre grosse épeire, diamètre 8cm bout des pattes. J'essaie de la prendre par ma technique habituelle en la piégeant sous un verre. Macache. Elle me laisse approcher le bol un centimètre ou deux au-dessus d'elle et quand je l'applique au mur aussi vite que je peux, elle s'esquive avec une incroyable rapidité. Le duel se prolonge un peu. Admirable animal. Finalement je la contrains à reculer dans la douche et là, je la piége à l’eau, et je la colle dehors. Triomphe tactique.Douche. Lecture au bord de la piscine. Puis apéro en bord de mare. Il fait chaud chaud chaud chaud. Dîner viande trop dure. Chambre à 21h30. Sauvegarde photos. Cata surexposition. J'ai laissé l'appareil en mode manuel et pas vérifié la lumière. Ras le bol. Accablé de moucherons insupportables. Chaleur chaleur, 35°
vendredi 2 mai - Dure nuit. Réveillé à 1h30 par de violentes coliques et tous les symptômes d’une tourista qui se déclare. Carbolevure et spasfon après l'escale technique de rigueur aux toilettes. Retour au lit. Traitement magnifiquement efficace. Sommeil normal jusqu’à la sonnerie du réveil à 5h45. Je découvre en émergeant que l’idée de me coller dans les draps n’était pas bonne : des puces probablement, m’ont littéralement dévoré les chevilles. Une bonne quinzaine de piqûres par cheville. Bien dur. l'onctose traditionnelle est inefficace. Infernales démangeaisons. 32° dans la chambre. 29° dehors. On a l’impression qu’il y fait frais. Tout le monde est en berne coté moral au petit dèj. L’épreuve est un peu longue.
6h40 C’est reparti pour le même plan qu’avant-hier : mare Tiabiga pour les hippos (A&E cette fois) et
route vers Konkombri (à l'est) jusqu’à la Pendjari pour les comptages. Le maltraitement de nos vertèbres
par l’état de la piste combiné avec celui du 4x4 guimbarde de Razack, est à la limite de ce que nous
pouvons accepter d’endurer. Cette mission est un peu trop mono-activité et manque furieusement de
marche à pieds. Ah les transects en pleine brousse de Waza !
Retour via un bref tour de pirogue fourni par des pêcheurs qui habitent un très joli campement sous les
arbres, sur la rive nord de la rivière (au Burkina donc). Agréable mais l’état des troupes ne permet pas de
savourer pleinement la néanmoins très, trop, brève croisière (~300m, c’est un peu se moquer de ses
clients). Retour à l’hôtel à 11h30. Douche et repos.
Sieste après déjeuner. Les filles (A&C) finissent ensuite de saisir les données d’observation collectées,
sur mon ordinateur. Il fait trop chaud dans la chambre. Je bouquine sous le chapiteau central de la
salle-pergola du restau. Un employé est vautré sur la banquette d’en face et dort sous le ventilateur tandis
que plusieurs autres regardent à la télé ce qui semble être une émission de danse africaine. Le gérant
de l’hôtel qui lui-même ne fiche pas grand-chose, ne trouve rien à redire à cela. Surprenant quand on
voit l’état plus que douteux des toilettes collectives, la lumière manquante dans les douches, les portes
qui ne se verrouillent pas, la ceinture dépotoir de détritus divers autour du camp. L’hôtel de Waza était
en comparaison un modèle de bonne gestion.
Départ à 17h pour une heure de comptage d’hippos à la mare Diwouni. Il y en a à nouveau environ 14,
alors que nous n’en avions compté qu’un jeudi la semaine dernière (24 avril). Les autres étaient donc
allés se faire une croisière dans la rivière Pendjari adjacente à la mare. Données à digérer par les
éthologistes du parc.
Samedi 3 mai - Nuit pas trop mauvaise. Toutes les fenêtres en persiennes largement ouvertes derrière les moustiquaires. Nu sur le lit sous le ventilo. La température de la chambre à 30-31° étaient moins infernale que les jours précédents. Mais je me suis trompé en réglant mon réveil-téléphone dont l’heure est celle de la France (Bénin+1h) et il sonne à 4h15 au lieu de 5h15. Et j’ai réveillé Pascale comme d’habitude. Désolé Pascale. Je ne me recouche pas. Douché, je pianote mes notes sur le PC. Mon short de brousse, lavé hier soir comme tous les soirs, avec les autres fringues, n’était pas tout à fait sec. Une heure sous le ventilo a permis de finir le séchage. Une chouette chuinte régulièrement quelque part dans le camp. Invisible. Cri de chevêche. Reprise du cours normal de la journée à 5h15. Petit dej’ expédié. Facture d’hôtel réglée. Un peu après 6h nous faisons le détour par la mare Fogou sans rien y voir. Ensuite comptage habituel sur le circuit de la strate Bali. Nous observons un ratel, genre de petit blaireau local gris-noir dont le dessus du museau est blanc. Puis, quelques bubales, un troupeau d’hippotragues (15), éléphants (5 ?), groupe de buffles (15 ?), poules de montagne, ourébi, etc... Arrivée à la mare Bali vers 8h (?). Du monde sur la plate-forme (weekend). Le couple de jabiru et ses deux jeunes est là. Photos des oiseaux. Soudain cris et branle-bas, "lions !", un couple de lions en chasse est chargé par trois buffles derrière le premier rideau d’arbres qui borde la mare. Je ne vois pas les lions qui filent sans demander leur reste, mais je vois bien les buffles charger. Ils viennent ensuite s’abreuver à la mare. Superbes animaux. L’allure de costauds de foire ombrageux, voire provocants, ils vous font face avec un air de défi, le museau relevé. En fait ils flairent vos effluves. Très myopes ils fonctionnent à l'odorat. Puis reprennent leur pâture comme si vous n’existiez pas. Photos. Longue observation du trio qui déambule en toute quiétude le long de la berge opposée à la plate-forme.
Un groupe de femelles de cobs de Fassa vient boire, de nombreux cobs de Buffon, un ourébi. Les ombrettes sont nombreuses. Certaines dans le troupeau, tentent de monter sur d’autres, pattes sur le dos, dans une grande agitation et un concert de cris des membres du troupeau. Parades d’accouplements ? Les parents jabiru ont cessé leur querelle de l’autre jour. Une paire de grues couronnées arrive à grands cris, et va se poser en face de nous sur l’autre rive de la mare au sommet du grand daniellia, qui héberge déjà un magnifique pygargue qui ne s'émeut pas de ce vacarme à sa porte (Pygargue vocifère, Haliaeetus vocifer, semblable à l'emblématique pygargue à tête blanche (bold eagle) américain). Ce vocifère porte bien son nom. Il faut l'entendre crier. Finalement il faut partir et faire route vers la sortie du parc. Beuh. Je voulais attendre qu’elles redécollent. Les villages de la route vers Tanguiéta ensuite, sont tous à l’ombre de groupes de superbes manguiers. Les enfants nous font des signes amicaux de la main, auxquels nous répondons. Passage à la cascade de Tanougou sur la route, oasis de fraîcheur (bien touristique) dans la petite fournaise de ce retour. Nous nous baignons et nous déjeunons sur place. Plaisant. Fin du parcours ensuite en tout début d’après-midi. Nous arrivons à la maison PU vers 13h30. Débarquement. Il fait 33° dans ma chambre. Rangement, douche et lavage de fringues simultané, puis sieste. Ma grenouille n’est pas seule. Deux autres, aussi minuscules et translucides, sont autour du couvercle de la cuvette des WC. Après la sieste nous allons au café internet et, pendant que nous y sommes, se déclenche le premier orage tropical de la saison des pluies. La rue est vite transformée en rivière tandis que toutes les liaisons internet sont interrompues. Nous rentrons vers 19h. L’air a fraîchi un peu, pour notre plus grand soulagement. D’autres averses aussi diluviennes se déclenchent pendant le dîner, accompagnées de coupures d’électricité, et dès les premières minutes, d’un concert de grenouilles entonné avec une vigueur et un empressement qui témoigne d’une longue frustration. Comme nous finissons de dîner, le tailleur vient apporter les vêtements commandés. Ma chemise est en fait une tunique, et le pantalon que je souhaitais d’intérieur est une coupe de ville. J’ai été stupide de ne pas lui donner les indications de ce que je souhaitais. Tant pis pour moi. Finalement, pas de cinéma comme envisagé pendant le repas. Je me retire dans ma chambrette. Je mets « l’âge de glace » sur le lecteur, et je m’endors devant le 1er épisode. Arrêt télé. Dodo. Réveillé vers 2h30 par un potin musical infernal, généré par la boîte de nuit voisine. Sono plein pot. Je vais pisser, je bois un coup et j’essaie de dormir dans cette ambiance sidérurgique. Succès, par épisodes, jusque vers 6h15.Dimanche 4 mai - Douche à 6h30. Enfin un peu de fraîcheur après le déluge nocturne. Toute relative cependant, 28° à l’extérieur. Je commence à rédiger mon rapport de mission avant d’aller prendre le petit dej’ vers 7h45. Ensuite nous allons à pieds avec A&C jusqu’à l’hôtel Baobab pour voir sa boutique que Razak nous a recommandé. Banal kiosque pour touristes en mal de souvenirs. Sans intérêt. Nous prenons un café. Razak nous rejoint là, et nous emmène acheter des mangues, puis dans une boutique un peu plus originale. J’achète un masque Béninois-Burkinabé et un chapeau peul, trop grand sans doute, pour mes loupiots. Je prendrai des fringues (chemises) pour les parents à Ouaga demain. Nous rentrons après avoir attrapé une dernière caisse de bière en passant, et des mangues à rapporter à la maison. Razak me demande conseil pour un problème qu’il a avec son appareil photo pour lequel il a acheté une carte mémoire (4GB) qui ne marche pas. En effet l’appareil refuse de la lire. On la teste sur mon Pentax (même standard) et ça marche bien. Finalement j’échange mes 2 cartes 2GB que son appareil lit bien, après les avoir reformatées (appréhension, même si j’ai tout soigneusement transféré) contre sa 4GB que je monte sur le Pentax. Il est content, et moi aussi, de l’avoir dépanné. Le gars du cenagref qui m’avait demandé d’expédier un paquet pour des amis à lui à Nice, m’apporte son paquet. Pas trop bienvenu car plutôt volumineux, mais pas fragile ni lourd (tissu). On fera avec. A 17h nous allons enfin voir Aristide au CENAGREF, à sa demande. Très cordial. Très occupé dit-il pour s’excuser, ce que personne ne gobe. Il est revenu récemment d’un congrès au Japon et devait nous contacter il y a déjà une semaine. Discussion sur le cenagref, les missions, la mesure de la distance de fuite et sa définition, etc… Le personnel est en assemblée générale à l’extérieur sous un arbre à palabre. La discussion est très bruyante. Razack nous dit qu’il se prépare une grève. Blaise nous fait enfin manger béninois : boulette d’igname qu’on avait contribué à travailler au pilon dans l’après-midi, et fromage peul. J’ai bien aimé, surtout le fromage. L’igname manquait de sel. Après le dîner je fais mon paquetage. Recours au petit sac de nylon noir de réserve acheté chez REI à College-Park.
Lundi 5 mai -
Liaison Tanguiéta-Ouagadougou.
Départ vers 8h après le dernier petit dej’ et les adieux au personnel et à Christophe, le volontaire qui
fait de la formation informatique. Passage au CENAGREF où je transmets les photos du groupe à
Cosme qui m’en a demandé une pour le prochain numéro du magazine de la Pendjari, qui sera disponible
comme le précédent sur le site du PNP.
Longue route, très pénible, en pleine chaleur. Voyage très éprouvant. Je suis derrière dans le Toyota,
avec A&C. Arrêt à Koupéla comme à l’aller, pour déjeuner cette fois. Arrivée à Ouaga vers
14h30-15h. Je me sens assez mal. On se remonte avec une bière au bistro du parc artisanal de
Ouaga (usine à touristes). Shopping ensuite. J’achète une belle pièce de coton (40Euros) d’un beau
bleu profond qui peut servir de plaid ou de dessus de lit. Mais je n’arrive pas à faire baisser le prix d’un
ensemble de table (serviettes brodées et nappe, 38000CFA) en-dessous de 33000, ce qui me semble
trop cher.
Belles sculptures métalliques. Mais grandes, lourdes et encombrantes. Et pas sûr que Magali
apprécierait. Chapeau peul encore pour loupiots, la bonne taille cette fois. A qui vais-je donner le grand ?
Ensuite Razack nous emmène chez un marchand de chemises dans un quartier de marché assez éloigné.
C’est pour satisfaire une demande de ma part car il porte de très chouettes chemises qu’il m’a dit avoir
acheté là, et proposé de m’y emmener. Une nuée de vendeurs bavards, pressés, empressés, avides,
me rend la vie impossible, et je m’énerve un peu à plusieurs reprises. Finalement j’achète deux
chemisettes pour homme (Fred & Emmanuel) et une pour femme (Sev).
Et on file à l’hôtel se doucher. Je ne sais plus où est ma serviette de toilette. Je me fais sécher à l’air libre.
Pas de pb… Puis, après un peu de repos à 4 sur le lit, re-bière au même bistro où nous étions allés
en arrivant. La boucle est bouclée. Cap sur l’aéroport vers 20h. Enregistrement sans incident, mais au
contrôle de sécurité, je réalise que j’ai gardé mon couteau suisse sur moi. Après allers et retours au
comptoir d’enregistrement et négociations, je parviens à faire revenir un bagage dans lequel je fourre
mon couteau.
Reste du voyage sans incident. Quelques heures de sommeil. Débarquement grand style « Aéroports
de Paris » à CDG comme d’habitude, c'est à dire calamiteux:
1) Il faut 15 mn pour mettre la passerelle de débarquement en place là où dans les autres aéroports il
suffit de 5.
2) Au contrôle d’immigration, il n’y a pas de file spéciale pour les passeports français/CEE. Résultat,
nous profitons de la lenteur des contrôles minutieux et des tracasseries qu’on fait subir aux étrangers,
surtout sur les vols en provenance d’Afrique.
3) La file « urgence » pour les correspondances à moins d’une heure n’a qu’un préposé, quelle perd
pour aller vérifier le cas d’une jeune africaine.
Message vengeur à Aéroports-de-Paris une fois rentré. Une semaine après qu'il m'ait été répondu que
tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes aéroportuaires à CDG, Le Monde publiait un article
détaillé sur le noir bazar de l'arrivée à CDG cauchemar des voyageurs.
Bref, correspondance pas loupée cette fois, mais razibus. Navette aéroport à 9h30 à Lyon. Dans mon
bureau au labo à Grenoble à 10h30.
Fin du journal de la Pendjari
Epilogue De retour en France, nous avons offert à Razack pour le remercier de sa patience, une bonne paire de jumelles (10x42 Olympus). Il nous a élus à l'unanimité de sa voix unique et majoritaire, l'équipe la plus enthousiaste de l'année.
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Partez en mission avec Planète-Urgence