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Dernière mise à jour : 5 janvier 2024

élèves

La classe encore utilisable en décembre 2016 de l'école de Seydouya et ses élèves (©Mamady Sylla). Elle est détruite aujourd'hui.

UNE ÉCOLE POUR LES VILLAGES DE GOMBA


Projet de reconstruction de l’école de Gomba Seydouya (Guinée)


école_éclairée

Le projet a abouti...


...Mais vous pouvez encore l'aider financièrement dans sa phase finale en nous contactant à l'adresse resfvoiron38@gmail.com
Il reste à financer le soufflage du puits de pompage dont l'eau est devenue turbide (contenant argile/limon) et impropre à la consommation. Le devis de l'intervention est de l'ordre de 1000 €.

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Documents à consulter, téléchargeables :
- Rapport de présentation du projet
- Budget prévisionnel du projet mise à jour novembre 2019
- Rapport de mission d'évaluation à Gomba (9-17 août 2018)
- Rapport de mission de démarrage des travaux à Seydouya (30 novembre - 9 décembre 2019)
- Rapport de mission de réceptionnement des travaux à Seydouya (23 février - 1er mars 2020)
- Plan de financement mis à jour décembre 2020


JOURNAL DU PROJET 2019-2023

29 décembre 2023


Pour la rentrée 2022 lorsque l'école est entrée en fonctionnement, La DPE (Division préfectorale de l'Enseignement, équivalent du rectorat en France) a nommé sur demande du partenariat responsable du projet, 3 enseignants pour les 3 classes de l'école. Quelques mois après la rentrée il est apparu que les deux des 3 enseignants de l'école qui avaient été nommés sur une base contractuelle n'avaient toujours pas reçu leur salaire. Une solution de dépannage a alors dû être mise en place pour leur permettre de subsister, à défaut de quoi ils auraient démissionné. Il s'agissait de trouver un financement de 100€ par mois pour chacun de ces deux enseignants. Le dispositif mis en place était basé sur les dons individuels de citoyens ou familles membres des associations dont le champ d'intervention incluait ce type d'action, et de contacts personnels qui avaient répondu à un appel de RESF. L'année scolaire a ainsi pu se dérouler normalement et les écoliers recevoir leur enseignement.

Malheureusement la même situation s'est présentée lors de la rentrée 2023, pour laquelle l'option par défaut était évidemment de laisser l'état guinéen et son administration s'occuper de cette question. Le contexte général était que aucun des quelques 8000 enseignants contractuels nommés en 2002 n'avait perçu de salaire, et que la quasi totalité avaient démissionné.
Après discussion entre les membres de RSEF Voiron qui avaient assuré le pilotage du projet, il a été décidé de renouveler l'appel à dons pour le même financement mensuel de subsistance des deux enseignants pour l'année scolaire 2023, en espérant que l'administration finira par leur verser leur salaire. Le besoin sur l'année, soit 2200€, incluant 200€ de frais de transfert bancaire. Ce montant a été couvert sans difficulté significative et nous sommes ainsi assurés que les enfants des villages de Gomba recevront leur enseignement cette année.

L'avenir de cette question du salaire des deux enseignants concernés est hautement incertain dans un contexte où la Guinée connait actuellement une période de turbulences politiques et sociales.

21 décembre 2022:


Le jumelage des l'école primaire de Seydouya avec l'école Vendémiaire de St-Jean-de-Moirans, créé en 2020 et interrompu par la pandémie de COVID 19, a pu être réactivé cette année. Les écoliers de la classe de CM1/CM2 de école Vendémiaire ont écrit à leurs correspondants de Seydouya et c'est l'opportunité d'un voyage privé entre Voiron et Conakry et Seydouya d'un membre de la diaspora du village qui a permis de faire acheminer les 30 lettres. Lecteurs et lectrices qui passent par ce journal peuvent apprécier l'échantillon des trois lettres qui figurent ci-dessous.

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Lettres d'Arthur, Justine et Cyril, écoliers de St-Jean-de-Moirans aux écoliers de Gomba Seydouya, envoyées ce mois (décembre 2022) par "porteur spécial".

Pour faire vivre ce jumelage et permettre aux écoliers d'échanger régulièrement sur leur vie d'écoliers et leur vie sociale, il faut surmonter la difficulté de l'inexistence de service postal terrestre à Gomba. Mais les liaisons téléphoniques mobiles sont possibles. Le partenariat cherche donc un financement pour équiper l'école d'un téléphone mobile et d'un poste TV avec un interfaçage approprié (technologie MHL ou autre) qui permettrait aux classes de communiquer en direct via un des moyens aujourd'hui disponibles (What'sApp, etc..).

12 novembre 2022:


De multiples et difficiles péripéties que nous ne détaillerons pas ici ont retardé de plusieurs mois la fin du projet. Elles avaient à voir avec des malfaçons sur la construction qui relevaient de la malversation. Elles ont été corrigées au prix de longues et vives discussions, et elles ont aussi malheureusement appréciablement impacté le budget de la fin du projet. Néanmoins, aujourd'hui les enfants de Gomba ont une école éclairée, des pupitres dans les trois classes, et trois enseignants nommés par la Division Préfectorale de l'Éducation (DPE, équivalent du rectorat en France). Les photos et vidéos ci-dessous en témoignent.

Nul besoin de longs commentaires pour dire le bonheur de l'équipe qui a conduit ce projet au fil de plus de cinq années d'efforts sans répit, d'abord pour trouver les financements puis pour la construction de l'école. Aujourd'hui le partenariat - RESF Voiron, Architectes Sans frontières, et WAKILY - est heureux et fier d'avoir pu mener ce projet à son terme, même si les conditions en ont été souvent très difficiles. Au terme de cet accomplissement les nombreux enfants de Gomba peuvent désormais recevoir l'éducation à laquelle ils ont droit, qui leur ouvrira un avenir de citoyens éduqués, libres et en mesure d'exercer leur citoyenneté.

Chœur des écoliers et allocution du chef de village Almamy Sylla.
L'allocution est en langue soussou, la traduction en français est en cours. Elle sera mise en ligne prochainement.

Séquences de la vie des classes...
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A gauche: Un pupitre (acajou ou mélina) ; A droite: Livraison des pupitres

15 janvier 2022:


Enfin les premières photos des écoliers dans leurs classes. Les pupitres sont encore ceux de l'ancienne école. Le marché du mobilier scolaire n'est pas encore passé, mais l'appel d'offre est en cours (budget provenant d'un financement participatif collecté sur la plateforme HelloAsso).

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Les écoliers dans leurs classes de la nouvelle école, et devant l'école.

Déclaration de l'enseignant nommé à l'école de Gomba. La population d'écoliers est passée de 50 environ à son arrivée en octobre à 115 aujourd'hui. Il est adjoint d'un enseignant dit communautaire payé par la communauté villageoise. Cette situation a un effet pervers, certaines familles étant exclues du dispositif par le fait qu'elles ont plusieurs enfants et ne peuvent assumer leur contribution au salaire de l'enseignant communautaire. La question est à l'étude.
Aujourd'hui l'école est organisée en 2 classes de deux niveaux - CP1/CP2 et CE1/CE2.
La communauté et le partenariat du projet vont entreprendre une démarche auprès de l'autorité régionale de l'éducation (DPE, Division Préfectorale de l'Éducation) pour obtenir la nomination d'un autre enseignant.

D'après nos correspondants sur place l'école est devenue un site touristique régional que les habitants des localités voisines viennent admirer: dans leur ruralité éloignée de tout, ouverte à leurs enfants, une école de conception moderne - bravo à Julie, l'architecte de ASF qui a conçu le bâtiment - et qui plus est illuminée le soir (pour les visiteurs, pas trop quand même, pour la tranquillité des oiseaux du coin, qui n'aiment pas trop ça).


13 décembre 2021:


Les élèves de la classe CAPA2 du lycée de La Martellière de Voiron manifestent leur solidarité avec les écoliers de Gomba. Elles font don au projet du produit d'une vente de crêpes qui a rapporté 156 €.
Un grand merci du partenariat à Alycia, Anaïs L., Anaïs S., Déborah, Farrah, Fatma, Laora, Maeva, Manon, Shérine, Tasiana, et à leurs enseignantes Chloé Godet et Emilia Monteiro, pour leur belle générosité. Les écoliers de Gomba leur en seront reconnaissants. Les noms des donatrices figureront sur la plaque commémorative qui sera apposée dans la galerie de l'école devant les classes.

 chèque La Martellière
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25 novembre 2021:


Ce jour, nous atteignons un autre point tournant du projet, le dernier probablement avant la livraison de l'école à l'autorité civile du village et à la Direction Préfectorale de l'Éducation régionale (DPE) : l'entreprise SINES Guinée a terminé l'installation électrique de l'école et procédé à la mise en fonctionnement de la centrale solaire.
L'image réjouissante de l'école éclairée de nuit donne le sentiment d'assister au couronnement du projet accompli, un accomplissement dont le partenariat est heureux et fier après cinq longues années d'efforts constants, ponctués de bien des difficultés. La construction du bâtiment est quasi terminée. Il reste cependant quelques corrections et compléments à apporter aux travaux réalisés, dont la protection du haut des murs du bâtiment avec une zinguerie appropriée, et à nettoyer les lieux avant leur mise à disposition. Il reste aussi à équiper l'école de son mobilier scolaire, pupitres des écoliers pour les trois classes, et mobilier du bureau des enseignants. Cette ultime étape est en préparation.

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L'école éclairée aujourd'hui grâce à sa centrale solaire.
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De gauche à droite: classe et galerie éclairées, vue des panneaux solaires, vue des coffrets de contrôle du réseau électrique intérieur, de la centrale solaire, et des batteries de stockage.

19 avril 2021:


La construction du bâtiment, et avec elle le projet d'école, ont atteint un point tournant ce jour. Charpente et couverture sont posées. Le bâtiment est aujourd'hui hors d'eau. Merci à l'équipe des constructeurs, maçons, charpentiers, couvreurs, pour le travail accompli.
Il reste à poser les menuiseries et à faire les enduits intérieurs, puis l'installation électrique intérieure. Ensuite sera installée la centrale solaire avec la pose des panneaux sur la galerie et celle des modules et coffrets de contrôle et des batteries de stockage à l'intérieur, et à la mettre en fonctionnement.
L'école pourrait être prête pour la rentrée de septembre.

cérémonie hors d'eau
Célébration de la mise hors d'eau du bâtiment avec une cérémonie villageoise et des déclarations du chef de village, de l'imam, et d'un responsable de Wakily.
Et les enfants du village ont chanté leur future école sous la direction un peu militaire de l'instituteur.
pose charpente pose couverture
Pose de la charpente (à gauche) et de la couverture de tôle (à droite).

15 janvier 2021:


L'élévation des murs est terminée depuis la fin du mois de novembre 2020. Le chaînage des murs a suivi, puis la mise en place des piliers de la galerie. L'entreprise prestataire a ensuite entrepris la réalisation d'une maquette de ferme pour la charpente du bâtiment. Pour la première version réalisée, la section des bois utilisés a été jugée insuffisante par l'architecte responsable de ASF, ce sous dimensionnement mettant en danger la stabilité future de la charpente. Après discussion, la FPAKI a admis qu'elle doit reprendre l'étude avec des sections plus grandes, dont les valeurs ont été communiquées par ASF.

façade
Charpentiers préparant les éléments de charpente devant la façade de l'école dont les murs sont terminés.
piliers
Piliers de la galerie en cours de pose.

28 septembre 2020:


Le chantier a repris le 14 septembre, les incertitudes budgétaires ayant été levées.
L'élévation des murs est en cours. Il est prévu que le bâtiment soit hors d'eau (avec sa charpente et sa couverture) vers la fin du mois de novembre. Les travaux sont suivis au quotidien par les architectes de ASF.

dalle & murs montage murs murs
Les murs naissants font émerger le bâtiment, puis s'élèvent...

juillet-août 2020:


Le creusement des fouilles destinées à recevoir les fondations du bâtiment d'école a été réalisé à partir du 3 juillet. Les fondations ont ensuite été coulées, puis la dalle du bâtiment. Le tout était terminé le 6 août. A cette date le chantier a dû être arrêté en raison d'incertitudes sérieuses sur la suite du financement.

fouille pause casse croûte
fouille pour les fondations et pause déjeuner des terrassiers.
coulage dalle
coulage d'une fondation et dalle terminée.

juin 2020:


- La pompe solaire pour l'alimentation en eau de l'école a enfin été installée du 19 au 21 juin. Elle attendait la fin du confinement de la ville de Conakry où est basée l'entreprise prestataire.

sous les panneaux
Les installateurs font une pose sous les panneaux solaires.

avril 2020:


La progression du projet a été ralentie par la pandémie de COVID-19 et ses conséquences diverses en France et en Guinée. La production par la FPAKI des briques de terre compactées stabilisées (BTCS) qui permettront d'édifier les murs de l'école, a eu lieu au cours du mois d'avril, sur le site de l'école où l'ensemble est stocké en attendant la construction du bâtiment.
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stock de briques en attente de pose.

23 février - 1er mars 2020:


Un architecte de notre partenaire ASF, Stéphane Plisson, s'est rendu à Seydouya pour réceptionner les travaux de la tranche sanitaire du projet réalisés en décembre-janvier (construction des latrines, du réservoir d'eau, adduction d'eau, et forage du puits de pompage). Son rapport est disponible en téléchargement en haut de cette page.

30 janvier 2020:


La fondation Synergie Solaire nous informe qu'elle à retenu notre projet pour le financement de la tranche électricité du projet, qui inclut pompe solaire, centrale solaire photovoltaïque, et installation électrique intérieure de l'école. Le projet est à ce jour financé à environ 75% du budget de construction.

forage latrines
Forage du puits de pompage le 8 décembre 2019 et construction des latrines le 12 décembre.

décembre 2019:


Lien vers une sélection de photos de la mission Une mission du partenariat - Mamady & Michel - s'est rendue sur place pour coordonner le démarrage des travaux à Seydouya du 30 novembre au 9 décembre. La mission s'est déroulée dans les meilleures conditions possibles. Les travaux de la phase "sanitaires et assainissement" du projet ont débuté en conformité avec le calendrier, un peu avant même pour le forage du puits de pompage, qui a trouvé une nappe aquifère abondante à -56m.
Le chantier a été rapidement mis en place, et l'entente et la coordination avec les équipes de l'entreprise prestataire - FPAKI, fédération des artisans de Kindia - ont été exemplaires. Les équipes sur le terrain travaillent avec un vrai enthousiasme et les enfants de l'école voient avec joie sortir de terre cette facilité nouvelle de leur école, qu'ils pourront utiliser bientôt. Ce premier chantier est prévu pour durer environ un mois.
Ces premiers travaux du projet constituent aussi un test des techniques constructives qui mettent en œuvre des matériaux locaux (argile, gravier,..), techniques qui seront ensuite appliquées à la construction du bâtiment d'école prévue pour débuter en mars 2020.
Le rapport de mission illustré est disponible en téléchargement (voir en haut de page).

fosse extraction argile product briques écoliers
Creusement de la double fosse d'effluents des latrines, extraction de l'argile des briques, station de production des briques d'argile compactées, et écoliers en exercice devant l'école.

juillet 2019 :


- L'Agence des Micro Projets (AMP) a retenu notre projet parmi les lauréats de sa session de printemps 2019 pour un montant de financement de 14000 € qui seront consacrés à la reconstruction du bâtiment d'école.
- La convention de partenariat entre la communauté d'Agglomération du Pays Voironnais (CAPV) et l'association RESF Voiron porteuse du projet, a été signée par le président de CAPV. Ce partenariat concerne le financement conjoint par la CAPV et l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée-Corse (loi Oudin-Santini), de la tranche assainissement du projet.
- Le comité d'administration de l'agence de l'eau Rhône-Alpes-Méditerranée a validé l'accord provisoire de financement. La totalité de la tranche assainissement du projet est désormais financée (18500 €).


Le projet "Une école pour Gomba-Sedouya"

Préambule


La Guinée est un état d'Afrique de l'ouest qui se remet lentement d'une situation économique lourdement dégradée par l'épidémie d'Ebola en 2014-15 et les troubles politiques graves qui l’ont précédée. Le taux de pauvreté dans la population est toujours supérieur à 50%, et les communautés rurales sont particulièrement délaissées (>65% de pauvreté). Le pays est classé 178ème sur 187 au classement mondial de l’indice de développement humain (IDH). En Guinée, plus de 50% de la population est analphabète. Et malgré de réels efforts pour l'éducation, le système scolaire reste largement inférieur aux besoins. La durée moyenne de scolarisation est de 1,6 année (chiffres PNUD), et le pays fait face au problème majeur de l’abandon scolaire. Chaque année des millions d’enfants quittent l’école sans y avoir acquis les compétences de base, avant la fin du cycle primaire, largement à cause des mauvaises conditions d'enseignement. En outre la population des filles scolarisées en Guinée, en réelle augmentation, est néanmoins toujours inférieur à celle des garçons. Dans ce contexte les zones rurales sont particulièrement défavorisées, souvent par le manque de salles de classe, et parfois d'école. Voir ce document pour d’autres informations.

L’éducation est un droit fondamental de la personne humaine, inscrit dans la Déclaration Universelle Des droits de l’Homme et dans la Convention Internationale sur les Droits de l’Enfant. Elle est aussi un moteur de croissance économique dont l’effet est avéré sur la réduction de la pauvreté et des inégalités ; elle rend les populations moins vulnérables et favorise leur participation au développement, et à l’exercice de la citoyenneté. Et elle a, enfin, des effets positifs incontestables sur l'environnement et la gestion des ressources naturelles, la démographie, et aussi l’hygiène sanitaire. Elle est une condition du développement durable.

Tel est l’enjeu, à l’échelle de quelques villages de Basse-Guinée, du présent projet.

Prologue

Le 27 septembre 2010, Mamady sur décision de sa tante qui l’a recueilli et protégé dans un contexte de terreur, doit fuir son pays, la Guinée, pour sa sécurité, quelques jours après une agression tragique. Il descend deux jours plus tard en gare de Grenoble, du TGV auquel il a été conduit à Paris, par un passeur inconnu. Il a 16 ans, et il fait cette nuit-là, seul entre la gare et le parking, la difficile expérience de l’indifférence des uns à la détresse des autres.
Six années plus tard, en 2017, après avoir été pris en charge par les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE), vécu de multiples péripéties, et finalement obtenu un CAP puis un BP de maçonnerie, au terme d’un parcours scolaire exemplaire, il a un travail stable dans une entreprise de BTP, et une famille, et il pense à rentrer au pays.
Un jour de l'automne 2016 il transmet à l'un de ses parrains du réseau RESF (Réseau Éducation Sans Frontières) de Voiron, qui l’accompagnent depuis cinq ans, une demande de contact de l'association WAKILY avec laquelle son père avait entrepris la construction d’une école primaire dans son village d'origine, Gomba Seydouya, en Guinée. Cette association recherchait de l'aide pour terminer la construction de cette école inachevée qui ne pouvait plus accueillir les enfants du village.
L’idée générique du projet, qui a depuis pris une autre dimension, s’inscrit dans ce contexte historique. Elle était de reprendre le projet initial et de restaurer l’école, en achevant sa construction et en la complétant avec des équipements permettant d’assurer dans de bonnes conditions, un enseignement primaire complet, incluant l’éducation à l’hygiène, et la pédagogie pratique du cycle naturel de la production agricole de subsistance, dans le cadre d’un projet de solidarité internationale.

Objectif du projet
Ce projet s’adresse à l’un des fondements de toute société humaine, l’éducation. Il s’agit de remettre l’école au centre de la vie du village, et d'aider la communauté à restaurer sa capacité à assurer l’enseignement de ses enfants, en créant avec elle un cadre de vie scolaire ouvert sur le développement.
L’enjeu du projet est de permettre à ces enfants d’échapper à l’analphabétisme endémique qui sévit en Guinée, et de recevoir l’éducation qui leur permettra d’aborder leur vie de citoyen avec les bases nécessaires pour l’assumer pleinement.
A ce titre le projet apporte sa contribution aux Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’ONU (ODD #1 pas de pauvreté, #4 éducation de qualité, #6 eau propre et assainissement, #7 énergie propre et d'un coût abordable, et #10 réduire les inégalités), qui font suite aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), antérieurs (2000-2015).
Il répond aussi aux exigences de la convention internationale sur les droits de l'enfant (CIDE), et il s'inscrit de même dans le champ d'application de la déclaration de décembre 2018 de l'ONU sur "les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales" : "… il importe de promouvoir et de protéger les droits des enfants des zones rurales,..., en favorisant une éducation et des soins de santé de qualité..."
En outre l’existence d’une école locale contribuera à freiner l’exode rural qui sévit dramatiquement dans cette région depuis 20 ans. La population de Seydouya est passée de 2575 habitants en 2002 à 526 en 2017.
Le lieu
Gomba est une des trois zones administratives de la sous-préfecture de Kolenté, préfecture de Kindia. Le district de Kabeleya s’étend sur une centaine de km2. Les villages sont distants entre eux de un à trois km. L’école est située à Seydouya1, à 60 km au nord-ouest de Kindia, ville la plus proche (2h de voiture, 180000 habitants), elle même à environ 120 km au nord-est de Conakry (2h de route, voir la carte).
Le village de Seydouya compte 526 habitants recensés.

carte Conakry Gomba

carte Seydouya

Situation géographique de Gomba et vue aérienne du village de Seydouya et son école.

L’école
L’école a été construite en 2004-2005 avec un financement de l’USAID de 7000 $US. Cette dotation était très insuffisante pour une construction de bonne qualité. Elle n’a jamais été terminée, et il en est résulté la situation qu’elle connait aujourd’hui.
Il s’agit d’un grand bâtiment de 30,6 m par 8 m, très dégradé, divisé en 3 classes dont une seule est utilisable aujourd’hui. Le toit des autres classes est effondré. L’une est envahie par la végétation, l’autre est maintenue nettoyée. Les murs non protégés sont en cours de délitement. Les photos sont de décembre 2016.

école angle toiture effondrée
Le bâtiment scolaire actuel. ©Mamady Sylla, décembre 2016 ; pour les données récentes, voir le rapport de mission : annexe 3, diagnostic bâtiment.

Mission d’évaluation
Une mission du partenariat ASF-RESF_Voiron s’est rendue en Guinée du 9 au 17 août 2018, en compagnie de Mamady Sylla, pour rencontrer les partenaires de l’association WAKILY, les autorités civiles locales et les autorités scolaires régionales, les professionnels du bâtiment de Kindia. Elle a permis de vérifier avec ces interlocuteurs la faisabilité du projet, et de collecter toutes les informations permettant de finaliser la proposition, pour soumission aux instances de financement. Cette mission a été particulièrement fructueuse.
Sur le site, la mission a observé que l’état de dégradation du bâtiment avait atteint un stade préoccupant. Celui de la toiture, en particulier, avait empiré depuis les photos de décembre 2016. L’architecte experte en a conclu, en accord avec les deux autres membres de la mission, que la reconstruction de l’école était devenu la seule option raisonnable. C’est cette option qui a finalement prévalu : l’école doit être reconstruite.
Ces conclusions sont rapportées en détail dans le compte-rendu annexé à ce document. Elles ont donc invalidé les hypothèses initiales de restauration du bâtiment, ce qui a infléchi appréciablement le scénario du projet tel qu’il est exposé dans la suite de ce document.

Voyage de contact
Un architecte de ASF s'est rendu en séjour privé à Conakry pendant une semaine en février 2019, au cours de laquelle il a pu prendre des contacts utiles avec les services de l'UNICEF, et avec l'école d'architecture de Conakry.

carte villages
Carte de la proximité de Seydouya avec le cercle d'accès à l'école et les villages proches.
La population scolaire locale
L’école de Seydouya compte aujourd’hui 156 élèves inscrits, qui viennent de Seydouya et un peu des villages voisins. La mission d’évaluation a visité en août 2018 les villages proches susceptibles d’envoyer leurs enfants à l’école de Seydouya. Il s’agit de GBOFO, CAMPEMENT et BOTOROU (voisins proches jumelés), GALEA, et KONDEKHOURÉ (voir carte), où elle s’est entretenue avec les autorités villageoises, qui lui ont indiqué combien d’enfants du village sont d’âge scolaire, et qui ont exprimé leur vif intérêt pour la construction de l’école.

Le village proche de KASFITA a du être exclu de l’enquête car situé sur l’autre rive du fleuve Kolenté, ce qui rend l’accès à l’école trop difficile. La somme des chiffres collectés dans chaque village donne un total d’environ 550 enfants d’âge scolaire pour l’ensemble des villages, Seydouya inclus. Voir le compte-rendu de mission pour d’autres données sur la situation scolaire du secteur.

Portage du projet et cadre associatif
Le projet est porté par trois associations dans le cadre d'un partenariat entre WAKILY, association locale de la communauté de Gomba Seydouya en Guinée, RESF Voiron, association initiatrice du projet en France, et ASF qui porte le projet architectural de la nouvelle école :
- En France, une convention de partenariat dédiée précise les attributions de chacune des deux associations participantes : Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) Voiron et Architectes Sans Frontières (ASF).
RESF Voiron est une association Loi 1901, rattachée au Réseau Éducation Sans Frontières national (RESF) fondé en 2004, et reconnue d'intérêt général. Sa vocation est d'œuvrer à la défense des enfants de migrants scolarisés et de leurs familles sans-papiers, et à la régularisation de leur situation administrative pour leur séjour en France.
L’association Architectes Sans Frontières est une association Loi 1901, fondée en 1979. Elle fait face aux inégalités et aux mécanismes de ségrégation et d’exclusion dans l’utilisation et l’occupation des espaces bâtis, et a pour vocation de défendre le principe d’une utilité sociale de l’architecture : proposer les formes de pratiques professionnelles adaptées, ouvertes à la diversité des cultures et des sociétés qui intègrent la parole des exclus ou des démunis, et qui répondent à un partage plus équitable de cet espace.

- En Guinée, l'association partenaire WAKILY est une association d'intérêt général du village de Gomba Seydouya, dont l'histoire remonte à 2002, et qui est à l'origine de plusieurs initiatives importantes de l'histoire du village (centre de soins, école 2005, projet maraîchage).
Une convention de partenariat lie entre elles les trois associations participantes. Les rôles et les engagements de chaque partenaire tels que décrits dans la convention, ont été confirmés par des entretiens avec la direction de WAKILY, au cours de la mission d'évaluation.
Le président de WAKILY et chef de village, Almamy Sylla, a assisté et accompagné la mission d’évaluation dans tous ses déplacements, et répondu à toutes les demandes des missionnés.

Partenaires secondaires
Les autorités civile de Gomba Seydouya (chef de village) et du district de Kabeleya (Aly Camara, président), et les villageois en général, ont chaleureusement réaffirmé leur soutien au projet et leur volonté de participer efficacement à son succès, lors de la mission d’évaluation d’aout 2018.
L’ONG GUINÉE44-Solidarité-Atlantique qui est implantée à Kindia, a apporté une aide précieuse aux porteurs du projet dans les premières phase de sa constitution, puis récemment sur les questions d’architecture.

Engagement des autorités administratives locales
Au-delà du partenariat associatif, il est nécessaire que l’autorité politique locale désigne un responsable administratif pour l’école et que l’autorité académique procède à la nomination d’un ou plusieurs enseignant(s). La chefferie du village et l’association WAKILY ont par ailleurs confirmé leur engagement à appliquer les termes de la convention de partenariat qui les lie à RESF_Voiron et ASF (voir pièce jointe au dossier).
De tels engagements de la Division Préfectorale de l’Éducation (DPE) ont déjà été pris dans le passé de l’école inachevée. Deux enseignants ont été nommés au cours des années récentes, mais ont dû renoncer en raison des conditions liées à l’état du bâtiment.

Ces questions ont fait l’objet de discussions de la mission d’évaluation avec les autorités locales et l’autorité académique régionale (La direction préfectorale de l’enseignement, DPE), et d’un accord écrit de cette dernière pour la nomination du nombre d’enseignants nécessaires à l’école (voir rapport de mission : annexe 3).
Les documents historiques antérieurs portant sur des décisions administratives relatives à la création de l’école en 2004, sur les autorisations de fonctionnement et les nominations d’enseignants, ainsi que l’acte de donation du terrain destiné à recevoir l’école, ont été communiqués au partenariat par l’autorité villageoise, et sont à la disposition des instances éventuellement intéressées par leur consultation.

Il n'y a aujourd'hui pas d'enseignant nommé par le ministère de l'éducation à Seydouya. Ce sont les villageois qui payent à titre privé un enseignant – formé à l'institut supérieur des sciences de l'éducation de guinée (ISSEG), pour assurer l'enseignement de 2 classes de CP1 et CP2, qui concerne aujourd'hui 109 élèves dont 54 filles.

Description des travaux
L’option de restauration du bâtiment de l’école ayant été abandonnée après l’expertise réalisée par l’architecte de ASF au cours de la mission d’évaluation - proposition validée par le bureau de ASF - c’est la reconstruction complète du bâtiment que le projet propose. L’objectif est d’avoir un édifice d’un prix abordable mais durable, qui s’insère bien dans le paysage et qui s’associe aux techniques locales et traditionnelles de construction.

Le partenariat a fait les choix et élaboré le plan d’action suivant pour cette étape clé du projet :
- Le bâtiment sera reconstruit sur la même parcelle de terrain à l’emplacement illustré sur le plan masse ci-dessus.
- L’ancien bâtiment sera conservé pour un temps. Le travail de déconstruction interviendra lorsque la construction du nouveau bâtiment sera terminée. Ainsi, après mise en sécurité de la salle encore utilisable, l’enseignement pourra continuer à être dispensé aux enfants pendant les travaux du nouveau bâtiment. Les autres salles pourront éventuellement permettre de stocker le matériel sensible du chantier.
- La plateforme arasée de l’ancien bâtiment pourra ensuite être aménagée (avec une structure légère) et utilisée pour un usage d’intérêt général (préau, salle polyvalente, cantine) après l’entrée en fonctionnement de l’école.
- Le site de l'école restera ouvert, ce qui permettra l'accès à l'eau et aux installations sanitaires depuis la plateforme sportive voisine, et aux villageois en général.

implantation bâtiments
Plan de masse du projet montrant la disposition de l'école actuelle vouée à la déconstruction, celle de l'école future,
des latrines et du jardin potager. Noter aussi l'emplacement prévu pour un futur bâtiment supplémentaire (projet phase II).

Moyens techniques et matériels :
- La valorisation des matériaux et des savoir-faire locaux sera privilégiée. Ainsi, la structure du bâtiment sera réalisée en terre, mise en œuvre sous forme de BTCS (briques de terre comprimées stabilisées).
- Le modèle architectural d’école rurale, défini par les institutions, sera respecté ainsi que les normes définies par le ministère de l’Enseignement Pré Universitaire et de l’Education Civique (MEPU-EC) : ratio d’élèves par classe, équipement, etc. Néanmoins, les études seront supervisées par les architectes d’ASF et une attention particulière sera portée au respect des normes de construction, l’amélioration du confort thermique, l’accessibilité, la pérennité et la sécurité du bâtiment.
Le bâtiment sera équipé d’un réseau électrique intérieur, avec points d’éclairage et prises électriques dans chaque pièce.

plan école future vue 3D école future
Plan et vue 3D de l'école future.

Moyens humains
- Le travail de reconstruction impliquera aussi les artisans du village. Le chantier sera l’occasion de former des bénévoles habitants du village aux techniques mises en œuvre dans la construction.
- Les membres de Wakily, les bénévoles du village, et des associations partenaires, contribueront à ces chantiers de construction et déconstruction.

Ce projet prévoit aussi d’apporter à l’école, et par là à la communauté villageoise, des équipements nouveaux:
a) Une centrale solaire photovoltaïque autonome de 2kWc environ, incluant panneaux solaires, onduleur, régulateur, batteries de stockage, et réseau de distribution dans les classes (technique LED très basse consommation pour l’éclairage). La puissance prévue est surdimensionnée pour les simples besoins en éclairage et le petit appareillage électrique (ordinateurs éventuels pour l’enseignement), mais elle rend possible d’autres usages intérieurs ou extérieurs à l’école, comme l’utilisation d’un réfrigérateur pour le stockage des vaccins du centre de soins voisin.
b) Une pompe solaire de capacité appropriée pour l’eau sanitaire - puissance de l’ordre de 0,6-0,7kW pour un débit de 3 m3/jour environ, alimentera un réservoir distributeur de 3 m3. Une pompe à motricité humaine existe au village (voir rapport de mission), qui vient d’être remise en état. La profondeur du forage est de 26 m environ selon l’indication d’une personne ayant participé à l’extraction pour la remise en état. Cette pompe est à nouveau utilisée pour l’eau du village.
La profondeur de l’aquifère au niveau de l’école, à 300 m de distance, est présumée voisine de celle de la pompe du village. L’alimentation électrique de la pompe immergée proviendra d’un équipement autonome de panneaux solaires, de puissance 0,7 kWc.
c) Un ensemble sanitaire, incluant un bloc de 4 latrines (type VIP / LAA 1) et urinoirs, associé à une station de compostage et à un potager expérimental. Sur cette question voir par exemple les références 1 en bas de page. Ce volet du projet fait l’objet d’une présentation détaillée dans l’annexe 1.
L’autorité du village a confirmé à la mission d’évaluation son accord pour la mise en œuvre de ce dispositif. L’association partenaire Wakily assurera le suivi du fonctionnement de la plateforme, sous la responsabilité de Daouda Sylla, ingénieur agronome, membre de Wakily.
La gestion de l’eau en Guinée dépend du Service National des Points d’Eau (SNAPE), instance nationale de gestion de l’eau en milieu rural, à l’appréciation de laquelle a été soumise cette tranche du projet. Lors de la réunion de la mission d’évaluation avec les entreprises et administrations à Kindia dans le cadre de l’évaluation, le représentant du SNAPE n’a pas formulé d’objection à ce volet du projet.

Projet phase II
Il est apparu lors de la mission d'évaluation qu'une extension de l'école serait nécessaire pour se rapprocher des besoins réels de la population scolaire recensée approximativement par la mission d'évaluation, pour la communauté des villages de Gomba.
Dans ce but, le partenariat anticipe sur une suite du projet dans lequel seraient réalisés :
- Un bâtiment supplémentaire de trois classes, identique à celui du projet actuel, dont l'implantation est représenté sur le plan de masse du projet (voir plan de masse plus haut).
- Le préau-cantine construit sur la plateforme restaurée de l'ancien bâtiment d'école après la déconstruction de ce dernier. L'étude d'architecture de ce bâtiment reste à faire et les besoins financiers à chiffrer.
Une période d'observation du fonctionnement de l'école nouvelle après son entrée en fonctionnement pourrait fournir une base solide à ce futur projet.

Phasage
Pour le financement et la réalisation, le projet est divisé en trois tranches indépendantes, ce qui permet de solliciter des agences de financement spécialisées, en particulier les fondations privées dont le champ d’intervention est souvent - et c’est le cas pour ce projet - limité à la spécialité de l’entreprise (ou du collectif d’entreprises) à laquelle elle est adossée.
La division – naturelle - choisie est la suivante :
1) - Tranche bâtiment comprenant l’ensemble des travaux de restauration du bâtiment : Terrassement / fondation / maçonnerie / charpente / couverture / pose des menuiseries / sol / enduits et revêtement / mise en place du mobilier.
2) - Tranche électricité et énergie solaire, comprenant, la centrale solaire (panneaux solaires et structure support, onduleur/régulateur, batteries), pompe solaire (hors forage), accessoires et module de commande, et installation électrique intérieure du bâtiment.
3) - Tranche eau et équipement sanitaire comprenant :
- les travaux de forage et chemisage, réservoir(s) d’eau et réseau de distribution et support(s), travaux d’installation et tests de fonctionnement.
- Aménagement du terrain et construction du bâtiment du bloc sanitaire et du réservoir d’eau, et travaux de plomberie associés.
4) Une section mobilier et équipements scolaires est intégrée au budget de la tranche bâtiment.

Ce projet est une entreprise de co-développement. Il sera veillé à mobiliser autant que possible les expertises et la main d’œuvre locales, et à mettre en œuvre les techniques et les savoir-faire locaux.
Il sera recouru à cette option chaque fois qu’elle sera applicable, sauf impératif contraire. Les travaux seront donc réalisés prioritairement par des artisans et entreprises locales, guinéens en tous cas.

Concernant les travaux à réaliser, la mission d’évaluation a rencontré à Kindia les dirigeants et les artisans concernés de la FPAKI (Fédération des Artisans de Kindia, ville la plus proche du site du projet), qui a fourni des devis de travaux de construction ou d’installation pour l’ensemble du projet. La discussion a permis de comparer les avis sur les travaux à réaliser, et d’éclaircir plusieurs points concernant les devis fournis antérieurement, qui permettront d’élaborer une décision (voir rapport de mission).
C’est la FPAKI qui a effectué les travaux de construction de l’école Cacia 2 de Kindia pour l’ONG française GUINÉE44 Solidarité Atlantique, à la totale satisfaction de cette dernière, qui a recommandé ses services aux porteurs du présent projet (voir section "Un chantier de référence" plus bas).

Calendrier
Le projet s’étendrait sur environ 2 ans, de 2019 à 2020 inclus, si les financements nécessaires peuvent être obtenus à temps. L’ensemble des constructions devrait être terminé au milieu de l’année 2020, au plus tard. Le calendrier définitif sera établi dès que les financements seront programmés. Une version provisoire est donnée avec le budget prévisionnel dans un document séparé.

Budget prévisionnel
Le budget prévisionnel a été établi sur la base des devis fournis par la FPAKI et d’autres sources professionnelles (Hydroconseil, GIG forages, RICARDO forages, Sté EKLOR/France) ou des données commerciales disponibles. Il est détaillé dans l’annexe 2.
Malgré la reconfiguration du projet de construction qui implique la création d’un nouveau bâtiment, le budget reste maitrisé. Si cette ligne budgétaire augmente appréciablement, d’autres ont beaucoup diminué (devis en concurrence) et le budget résultant est en baisse sensible par rapport aux premières estimations.

Financement
Le projet est éligible à un financement par des fondations privées et bailleurs de fonds publics. Les dossiers de demande sont en cours de préparation ou de soumission.
La tranche eau et assainissement est éligible à un financement public au titre de la loi sur l’eau Oudin-Santini. Dans ce cadre, la communauté de communes du Pays Voironnais a accepté d’apporter le financement initial.
En outre, un appel à dons a été lancé sur la plateforme de financement participatif HelloAsso pour une partie du mobilier scolaire qui a rapporté à la date de mise à jour de ce document 3420€, l’objectif étant de 3500€.

Chantier de référence
Les photographies de la figure suivante illustrent le travail réalisé par la FPAKI à l’école primaire de Cacia 2 à Kindia, dans le cadre du projet EduKindia de l’ONG Coopération-Atlantique-Guinée 44 en 2014. La proposition de la FPAKI pour le présent projet est la transposition de cette réalisation.
latrines FPAKI
Vues des latrines de l'école de Cacia à Kindia et des équipements sanitaires associés, réalisés par les artisans de la FAKI.
© Coopération-Atlantique-Guinée 44
Le roman du projet
L’auteur de romans graphiques, Jérome Ruillier, proche de l’association RESF_Voiron, s’est intéressé au destin de ce projet. Il en utilisera le déroulement et les éléments pour la création d’un nouveau roman graphique, qui ferait suite à son ouvrage précédent, "L’étrange" (L’agrume, 2016), un succès de librairie qui a obtenu le prix littéraire PACA, et qui vient d’être traduit et édité au Canada en langue anglaise (Drawn & Quarterly, Montréal, 2018), où il est très bien accueilli par la critique britannique et nord-américaine (The Guardian UK, Barnes & Noble bookstore, Chicagoreader, etc…).
Le partenariat est évidemment très sensible à cette marque d’intérêt pour son projet, et s’efforcera de faciliter la tâche de Jérôme dans le suivi du projet et de ses acteurs.

Activités associées et prolongements envisagés du projet

- Jumelage des classes de l’école de Seydouya


Les partenaires ont proposé le jumelage des classes de l’école de Seydouya avec des classes des écoles du Voironnais, en France. Les enseignants de l’école Vendémiaire à St Jean de Moirans (38), et les enfants de cette école se sont déclarés très intéressés par cette initiative, et toutes les classes prêtes à participer activement à ce jumelage, du cours préparatoire à la classe de CM2. Le conseil d’école a approuvé cette proposition (contact : Sylvie Baroz, baroz.sylvie@orange.fr).
Le jumelage est au stade des premiers contacts, et les premiers échanges sont en cours (avril 2019). Il fera l'objet du projet d'école annuel de l'école Vendémiaire pour l'année scolaire 2019-2020.

- Formations et échanges


Un projet pédagogique est envisagé à destination des personnels de construction et de maintenance, et des citoyens intéressés, pour des formation qualifiantes aux techniques mises en œuvre dans la réalisation du projet, pour la construction, la production d’énergie solaire, l’assainissement et le compostage écologique, et les pratiques agricoles et techniques culturales.
Des contacts avec des établissements scolaires et universitaires spécialisés ont été pris dans ce sens, et les termes des partenariats sont acquis ou en cours de définition. Il s'agira de:
- Formation aux techniques de construction en terre (BTCS, pisé, adobe)
- Formation à la maîtrise de l’installation électrique, à sa mise en œuvre et à sa maintenance, et à la mise en œuvre des techniques photovoltaïques.
Sur ce volet, un partenariat est créé avec l'IUT 1 de l'université des Alpes à Grenoble, qui prendra en charge la définition et la conception de la centrale solaire, et de la pompe solaire. Ces deux dispositifs feront l'objet des projets annuels de 2ème année de deux étudiants en DUT qui viendront travailler avec les artisans locaux sur l'installation de ces dispositifs à l'école de Seydouya.
Une intégration de l'Université de Kindia à ce partenariat est en cours de discussion (contact Camara Tibou camaratibou56@gmail.com).
- Échanges sur les pratiques et techniques culturales, et les techniques de compostage.
Pour le volet compostage/potager et techniques culturales et pratiques agricoles, l'établissement d'un partenariat est en cours avec le lycée agricole de Luçon-Pétré (près de La Rochelle) avec des perspectives d'échanges à développer (contact willy.lefeuvre@educagri.fr).

Par ailleurs, sur la question de l'enseignement en général, une discussion est en cours avec le GREF (Groupement des Éducateurs Sans Frontières, J. Guillaud) pour un partenariat sur les formations, y compris celle des enseignants. Le GREF missione des enseignants (retraités en général) bénévoles pour des soutiens à l’enseignement et à la formation sur le terrain.
Cet objectif de promouvoir des formations vise à la fois l’intérêt général de la communauté locale et les perspectives de suivi et de maintenance des installations créées. Ce dernier point fait par ailleurs l’objet de dispositions précises et de responsabilités spécifiques dans la convention de partenariat ASF-RESF_Voiron-WAKILY (voir ce document).

Échanges culturels en général
Une fois l'école reconstruite, les liens établis et les structures collaboratives créées devraient ouvrir la voie à un projet de soutien au développement du groupe de villages, dont les besoins sont immenses, dans le cadre d’une relation coopérative entre les territoires du Voironnais en France et de Gomba en Guinée.


ANNEXE

Projet de latrines écologiques avec plateforme de compostage et potager pédagogique pour l’école de Gomba

Introduction
La situation de l’eau et de l’assainissement constitue un enjeu majeur de santé publique dans les pays de sud. L’absence d’assainissement et la contamination de l’eau par des germes bactériens fécaux provoquent chaque année la mort de plus de 2 millions de personnes dans le monde, en majorité des enfants. De nombreuses instances, internationales (UNICEF, UNDP, etc…), nationales (AFD, pSeau), ou associatives (ONG), développent des programmes de lutte contre ce fléau planétaire, pour contribuer à faire de la sécurité sanitaire une réalité quotidienne pour tous.
Le problème affecte surtout les pays pauvres ou émergents. En Afrique subsaharienne le problème existe dans la plupart des pays, surtout à la périphérie des grandes villes et en milieu rural, et tout projet d’amélioration de la situation de l’eau et de l’assainissement, quelle que soit son échelle est susceptible de contribuer à endiguer cette catastrophe sanitaire permanente et mortifère.

Ce volet du projet global a pour ambition d’intégrer dans un cadre éducatif un ensemble expérimental qui traite l’ensemble de la chaîne sanitaire et de ses enjeux environnementaux, dans un raccourci pédagogique qui permettra de mettre en évidence les mécanismes de ce cycle écologique vertueux, de démontrer l’intérêt des règles sanitaires préventives pour la santé des personnes, et les bénéfices collectifs qui résultent d’une approche écologique du traitement des excrétas humains par compostage.
L’ensemble proposé inclut une source d’eau et un bloc de latrines associé à une chaine de compostage des matières fécales, dont une partie de la production à la fin du cycle pourra être utilisé comme fumure dans un potager pédagogique expérimental. L’aménagement du potager de l’école et son suivi seront pris en charge par WAKILY et les parents d’élèves du village de Seydouya.

Installation sanitaire et mode de fonctionnement
La structure envisagée inclut les éléments suivants :
- Une distribution d’eau par une borne-fontaine, provenant d’une citerne alimentée par une pompe solaire fonctionnant au fil du soleil, impérative pour l’hygiène des mains.
- Un bloc de 4 latrines écologiques, alimentant quatre fosses enterrées closes.
Le choix s’est porté sur la configuration VIP (Ventilated Improved Pit, ou Latrines Autoventilées Améliorées LAA)
Ce type de latrines est d’une gestion pratique plus aisée – urines et matières fécales n’étant pas séparées, bien que les latrines écologiques avec séparation soient plus intéressantes en termes de fertilisation des cultures et amendement des sols.
Le fonctionnement optimisé des latrines devra inclure dans leur mise en œuvre, un ajout de matière sèche après chaque utilisation (sciure de bois, feuilles sèches,…), ce qui permettra d’accélérer le séchage des matières fécales, d’améliorer la qualité du compost produit, et de contrôler les odeurs.

Gestion de la chaine de compostage
La gestion d’un tel système est délicate et doit être rigoureuse. Elle ne peut évidemment être confiée aux écoliers. Il s’agit nécessairement d’un projet villageois qui va concerner l’ensemble de la communauté, et que cette dernière devra prendre en charge. Lors de la mission d’évaluation il a été convenu que cette gestion de la production de compost sera assurée par l’association partenaire WAKILY, sous la responsabilité de Daouda Sylla, ingénieur agronome. Wakily assurera la constance, la qualité et la pérennité de la production, et éventuellement le traitement combiné et coordonné, de fumier de bovin. La commercialisation de la production au bénéfice du gestionnaire pour le financement d’opérations d’intérêt public, est une option ouverte qui pourrait permettre de couvrir une partie du coût de fonctionnement de l'école (entretien, gardiennage,...).

- Programme de sensibilisation de la population à la question de l’assainissement
L’expérience montre que, dans tous les pays concernés, l’acceptation d’un protocole sanitaire tel que celui proposé n’est jamais acquise d’avance. Sa nouveauté fait souvent l’objet de réticences, parfois de blocages, et nécessite toujours une campagne d’information et de sensibilisation à la problématique de l’hygiène publique et de l’assainissement. Une telle campagne a déjà eu lieu à Gomba en 2008, et il a été confirmé à la mission d’évaluation par le médecin, que la situation sanitaire actuelle du village est bonne.


Michel Buénerd, RESF Voiron
coordinateur du projet
contact: buenerd.michel@wanadoo.fr
tel: +33 (0)607048806
Julie Bientz, ASF
Responsable architecture
contact: julie.bientz@gmail.com
tel: +33 (0) 686881594
Mamady Sylla
correspondant WAKILY, coordination Voiron-Gomba
contact: mamadygomba58@yahoo.fr
tel: +33 (0)699803115
Saïd Aboubacar Sylla
coordinateur pour WAKILY,
contact: saidaboubacarsylla@yahoo.fr
tel: +224 621 216 260
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